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Le prix du gaz naturel monte en flèche, et pas seulement à cause de la guerre entre Israël et le Hamas

Le prix du gaz naturel monte en flèche, et pas seulement à cause de la guerre entre Israël et le Hamas
Un navire de la marine israélienne passe devant devant la plateforme du champ de gaz « Tamar » lors d’un exercice en 2013. (Uriel Sinai/Getty Images)

Le prix du gaz naturel sur le principal marché néerlandais et européen, le TTF, a fortement augmenté ces derniers jours. L’une des principales raisons est la guerre en Israël. L’État hébreux a ordonné au géant de l’énergie Chevron Corp. de fermer temporairement un important gisement de gaz.

Pourquoi est-ce important ?

Plus d’un an et demi après le début de la guerre en Ukraine, l’Europe a largement réussi à se sevrer du gaz naturel russe. Mais le Vieux Continent en a payé un lourd tribut. Il est désormais presque entièrement dépendant du marché international, où les prix peuvent fluctuer considérablement et où il est en concurrence avec d'autres grands importateurs comme la Chine et le Japon. Ces derniers mois, les prix ont fortement augmenté à plusieurs reprises en raison d’événements qui auraient eu peu d’impact il y a quelques années.

Dans l’actu : Israël a décidé, pour des raisons de sécurité, que Chevron devait fermer la plateforme gazière offshore Tamar.

  • Tamar est le deuxième plus grand champ de gaz naturel du pays. La plateforme du plus grand champ, Leviathan, continuera pour le moment à pomper du gaz.
  • Depuis l’annonce de la nouvelle, le prix du gaz naturel sur le marché TTF a augmenté d’environ 15%, pour atteindre près de 50 euros par mégawattheure

Du gaz qui arrive normalement en Europe

Contexte : Israël a découvert les gisements gaziers de Tamar et Leviathan respectivement en 2009 et 2010 et tente depuis de devenir un hub gazier régional. Tamar représente près de la moitié de la production israélienne. 

  • Le pays exporte normalement une quantité importante de gaz naturel vers l’Égypte. Là, il est liquéfié puis exporté. Selon les données de Bloomberg, la majorité du GNL en provenance d’Égypte est acheminée vers l’Europe. 
  • Ce lien avec l’Europe est aussi la raison pour laquelle Chevron a voulu se tailler une part du gâteau. En 2020, la société a dépensé 13 milliards de dollars pour acquérir Noble Energy, une société américaine qui possédait une partie importante des gisements de gaz israéliens. 

Sabotage ?

Mais : la fermeture de Tamar n’est pas la seule explication à la hausse des prix. 

  • Les négociants craignent également qu’un conflit en Israël n’ait un impact sur le canal de Suez, une route commerciale clé pour le GNL venant d’ailleurs.
  • Dans le même temps, la Finlande et l’Estonie ont observé dimanche une chute de pression inhabituelle dans le gazoduc offshore Balticconnector. Selon le président finlandais Sauli Niinistö, les dommages causés au pipeline pourraient être le résultat d’un sabotage. Le flux de gaz a été interrompu et les travaux de réparation pourraient prendre des mois. Cet incident n’est pas sans rappeler le sabotage des gazoducs Nord Stream l’année dernière. On peut craindre que les infrastructures de gaz naturel européennes ne soient pas suffisamment protégées contre les influences extérieures. 
  • Des tensions refont également surface à l’autre bout du monde, en Australie. Les travailleurs des installations de GNL de Chevron envisagent à nouveau de faire grève. Le mois dernier, des grèves avaient déjà poussé le prix du GNL sur le marché TTF de plus de 8%. Les sites sur lesquels pourrait avoir lieu la grève représentent environ 7% de la production mondiale de GNL. 

Frappant : les fortes augmentations de prix montrent que le marché européen du gaz naturel est tout sauf stable. Même si les réserves de gaz sont remplies à environ 97% au moment de la rédaction de cet article. Le Vieux Continent doit désormais vivre avec d’importantes fluctuations de prix. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le marché ne se stabilisera qu’en 2025

(OD)

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