En avril, les livraisons futures pour les contrats pétroliers étaient en négatif. Cela signifie que celui qui achetait du pétrole recevait de l’argent en prime à la livraison. Mais 100 jours plus tard, l’or noir affiche déjà plus de 45 dollars le baril. C’est plus qu’au début de la crise du coronavirus. En mai et juin, le prix du pétrole a doublé. Et depuis le début du mois de juillet, il est en hausse de 8%. Peut-il grimper encore plus?
Début mars, le prix du pétrole s’est effondré. La Chine, deuxième consommateur mondial après les États-Unis, est meurtrie par ce qui était alors encore une épidémie. Mais ce n’était pas la seule raison. Alors que les producteurs de pétrole parlaient de quotas, les États-Unis continuaient à inonder le marché avec du pétrole bon marché. L’offre a été plusieurs fois supérieure à la demande. De 64 dollars le baril début janvier, son prix est tombé à 46 dollars début mars. Puis, le crash est arrivé. Jour après jour, le pétrole a dû céder parfois jusqu’à 10% de sa valeur. Le 20 avril, le baril est même tombé en négatif pour la première fois de l’histoire.
Chute du pétrole: pourquoi et avec quelles conséquences?
L’OPEP+ (avec la Russie) et les États-Unis se sont alors mis d’accord sur une réduction drastique de la production. Après quoi le prix a rapidement augmenté. Depuis le début du mois de juillet, la production a progressivement repris. Et les prix ont augmenté dans la même veine: lentement, mais sûrement. La reprise mondiale de l’activité économique et la perturbation de la production américaine par l’ouragan Isaias ont fait le reste. Les prix du pétrole ont également bénéficié de la faiblesse du dollar américain. En effet, l’or noir libellé en dollars devient moins cher dans d’autres devises.
Et maintenant?
Tant que les quotas de production resteront bas et que l’économie se redressera, les prix du pétrole pourraient continuer à augmenter. Le niveau de janvier est toutefois encore loin. Cependant, s’il était dans l’intérêt de tous les pays de s’entendre et de respecter les quotas de production, les stratégies changeront une fois que les 50 dollars le baril seront en vue.
Les pays de l’OPEP voudront alors augmenter leur production, tandis que l’Arabie saoudite peut facilement se contenter d’un baril à 40 dollars pour boucler son budget (voir graphique ci-dessous). Ce qui n’est pas le cas des États-Unis. Le président américain, Donald Trump, fera également tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir le prix à la pompe au plus bas à l’approche des élections.
La semaine dernière, les fonds spéculatifs ont écoulé plus de 40 millions de barils, une quantité record en 19 semaines. L’augmentation des victimes du coronavirus, les nouveaux lockdown et surtout les problèmes du secteur aérien menacent de freiner le rebond des prix du pétrole. Les analystes qui avaient misé sur une consommation plus élevée jusqu’à la mi-juillet en reviennent déjà…