Le pays européen le plus euro-sceptique? C’est l’Italie…

Dans certains pays, notamment en Espagne et en Grèce, où des partis qui souhaitent le retrait de la zone euro obtiennent des scores importants dans les sondages d’opinion, le scepticisme à l’égard de l’euro est évident. Mais il est un pays européen, qui est aussi l’un des fondateurs de la monnaie unique, où cette opposition à l’euro est devenue majoritaire, et plutôt que d’être l’apanage d’une seule formation politique, elle s’est généralisée dans une grande partie de sa classe politique : l’Italie.

Le mouvement de Bepe Grillo, « Movimento 5 stelle » (Le mouvement des Cinq Etoiles) ou « M5S », est le plus notoire de ces partis italiens hostiles à la monnaie unique. Lors des dernières élections législatives, il a remporté 25% des suffrages. Ces derniers temps, l’actualité était plus calme autour de Grillo et de son parti, et sa popularité est un peu retombée, mais en octobre, il a exigé ni plus ni moins que la tenue d’un référendum pour un possible retour à la lire, et annoncé que le parti allait débuter la collecte de signatures dans ce sens. La constitution italienne interdit un référendum de cette nature, mais le nombre de signatures que le mouvement pourrait recueillir sera un bon indicateur du sentiment actuel des Italiens à l’égard de l’euro.

Mais d’autres partis plus traditionnels lui ont emboîté le pas, affirme Vincenzo Scarpetta d’Open Europe, et notamment la Ligue du Nord, un parti d’extrême droite qui milite pour « libérer l’Italie « de la cage de l’euro » depuis un certain temps. Le parti avait souffert d’un scandale financier qui avait ruiné sa cote de popularité, mais il est remonté dans les sondages, notamment grâce à son leader charismatique, Matteo Salvini. Fratelli d’Italia est un parti plus petit de l’extrême droite italienne qui souhaite également la sortie de l’Italie de la zone euro.

Silvio Berlusconi lui-même a récemment évoqué l’idée d’introduire « une monnaie parallèle » imprimée à Rome qui permettrait à l’Italie de regagner au moins partiellement sa souveraineté monétaire.

Ces 4 partis totalisent environ la moitié des suffrages du pays, selon les derniers sondages.

De l’autre côté, il n’y a guère que le Parti Démocrate du Premier ministre Matteo Renzi, et deux partis centristes, qui soutiennent l’euro. Mais même au sein du camp de Renzi, des contestataires de l’euro commencent  à se manifester. Stefano Fassino, ex-vice ministre des Finances dans le gouvernement du Premier ministre Enrico Letta, a ainsi récemment estimé qu’il faudrait démanteler l’euro de façon coordonnée si la politique économique de la zone euro n’était pas modifiée.  

Selon la plus récente enquête d’opinion d’Eurobarometer, l’Italie fait partie des deux pays où une majorité de répondants estiment que l’euro « est une mauvaise chose » (le second pays est Chypre). Mais l’Italie est aussi celui où cette opinion progresse le plus rapidement. Ainsi, depuis 2013, elle a gagné 9%.

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