Gary Gensler, le nouvel homme fort du régulateur de Wall Street, a été nommé par le président américain Joe Biden. Il n’hésite pas à se montrer critique envers les marchés financiers et a beaucoup étudié l’univers des cryptomonnaies.
Le nouveau patron de la Securities and Exchange Commission (SEC) possède au moins une qualité qui peut être utile dans ce rôle: il n’a pas peur de la confrontation, écrit NRC. Un profil intéressant. Mais d’abord la question la plus brûlante de ces derniers mois: la réalité de l’univers crypto.
À surveiller: la régulation du marché crypto
Dans une interview accordée à Forbes le mois dernier, Hester Peirce, commissaire à la SEC, a expliqué que Gary Gensler allait avoir un ‘emploi du temps très chargé – dont une grande partie n’aura rien à voir avec la crypto’. Toutefois, la commissaire a ajouté que le nouveau patron de la SEC se montrerait probablement ‘favorable aux appels pour une réglementation claire’ dans ce domaine.
La SEC a longtemps différé les réglementations visant les monnaies numériques, étant donné sa compétence sur les valeurs mobilières (et non les monnaies). Mais Gary Gensler – professeur en cryptomonnaies et technologie blockchain à la Sloan School of Management du MIT – arrive à la tête de l’agence alors que les demandes des fonds pour des ETF bitcoin continuent d’augmenter.
Le premier grand test pour Gary Gensler sera l’enquête sur Ripple, la société derrière l’une des plus importantes cryptos au monde, soupçonnée d’avoir levé en 2013 plus de 1,3 milliard de dollars grâce à une ‘offre non enregistrée et continue de titres d’actifs numériques’.
Mais dans le secteur des cryptos, l’arrivée de Gary Gensler a globalement été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme. Paul Grewal, qui est chargé des affaires juridiques de la plateforme d’échange de bitcoins Coinbase, a déclaré aux médias américains qu’il était ‘plein d’espoir’ quant à la nomination de Gensler. Il s’est réjoui que la SEC ait à sa tête une personne qui connaît bien les cryptomonnaies, ‘même si nous ne serons pas toujours d’accord’.
Ce qu’il faut savoir sur le profil de l’homme: un critique à tendance sociale
‘Malheureusement, en tant que président de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), M. Gensler a montré sa volonté de repousser les limites légales des pouvoirs de cet organisme’, a déclaré le sénateur Patrick Toomey (républicain), membre de la commission bancaire du Sénat, en début de semaine. Il avait voté contre la nomination de Gensler.
‘Sur la base de ses antécédents en tant que régulateur et des déclarations qu’il a faites tout au long de sa procédure de nomination, je crains qu’il n’utilise la SEC et ses pouvoirs réglementaires pour faire avancer un programme qui ne devrait pas relever de la compétence de la SEC’, a ajouté Patrick Toomey.
Le sénateur républicain redoute que Gary Gensler n’ose intervenir sur les questions de changement climatique, d’inégalités raciales et de diversité. Ce faisant, il ‘outrepasserait les pouvoirs de la SEC’. De plus, toujours selon Patrick Toomey, il est possible que Gary Gensler impose des réglementations ‘qui rendent les investissements plus coûteux et plus difficiles pour les investisseurs de détail’ afin de freiner la récente volatilité des marchés boursiers.
Ce qu’il faut savoir sur son parcours: Baltimore, Goldman Sachs et Bill Clinton
Originaire de Baltimore, Gary Gensler est diplômé de la Wharton School of Business de l’université de Pennsylvanie. Il a par la suite travaillé pendant près de deux décennies comme banquier d’affaires chez Goldman Sachs. Il y est devenu l’un des plus jeunes associés de la ‘légendaire institution financière’, selon Forbes.
Il a fait son entrée dans le secteur public en 1997 après que le président Bill Clinton l’ait nommé au poste de secrétaire adjoint au département du Trésor. Il est ensuite devenu président de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) en 2009.
La CFTC est une agence indépendante du gouvernement américain, créée en 1974, qui réglemente les marchés dérivés américains, notamment les contrats à terme, les swaps et certains types d’options.
À la CFTC, il a tenté d’accroître la transparence et de réduire les risques sur le marché des swaps, qui représente 400.000 milliards de dollars. Cela lui a valu les éloges de l’ancien secrétaire au Trésor Jacob Lew. Ce dernier aurait décrit Gary Gensler comme étant l’un des plus importants réformateurs à la suite de la crise financière de 2008.
La suite
Au sein de la SEC, Gary Gensler devra faire face à un certain nombre de questions délicates. Par exemple, la tendance des SPAC est de plus en plus critiquée. Grâce à celle-ci, des entreprises qui n’ont pratiquement aucun revenu sont en mesure de lever des milliards de dollars relativement facilement auprès des investisseurs via une coquille vide. Certains analystes redoutent la formation d’une bulle et ont demandé ces derniers mois à la SEC d’intervenir plus énergiquement.
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