On recense 277 millions de migrants à l’international, dont 234 millions en âge de travailler (c’est-à-dire âgé de 15 ans ou plus), et 164 millions travaillent effectivement. C’est ce qui ressort d’un rapport du département des Affaires économiques et sociales des Nations unies, publié mercredi.
Il indique qu’au plan international, les migrants en âge de travailler représentent 4,2 % de la population mondiale âgée de 15 ans ou plus. De même, les travailleurs immigrés représentent 4,7 % de tous les travailleurs.
Les migrants ont commencé à bouder les pays les plus riches
Le rapport note également que le nombre de migrants a fortement augmenté sur les dernières années, puisqu’il a crû de presque 20 % entre 2013 et 2017. Cependant, ce chiffre tombe à 9 % si l’on ne s’intéresse qu’aux migrants au travail.
Les 2/3 des immigrés sont employés dans des pays à revenus élevés, 18,6 % le sont dans des pays à revenu intermédiaire supérieur, tandis que 3,4 % sont expatriés dans des pays à faible revenu. Mais ce qui est remarquable, c’est qu’entre 2013 et 2017, la concentration de travailleurs immigrés dans les pays à revenus élevés a baissé, passant de 74,7 % à 67,9 % ; en revanche, ils sont maintenant plus nombreux en proportion dans les pays à revenu intermédiaire supérieur. Autrement dit, il semble que les migrants seraient désormais plus susceptibles de s’installer dans ces pays, que dans les pays les plus riches. Selon le rapport, cela pourrait s’expliquer par le développement économique important de certains pays en voie de développement, dont certains entretiennent des liens étroits avec les pays d’origine de ces migrants.
Dans les pays les plus riches, la chute du nombre de travailleurs migrants s’est accompagnée d’une augmentation de leur proportion dans la population active. Ce paradoxe apparent provient de l’effondrement de la masse des actifs « indigènes » dans la main-d’œuvre de ces pays. Ce dernier est le résultat de plusieurs facteurs de nature démographique, technologique, ou liés à la politique d’immigration.
Une forte représentation dans les pays arabes
23 % des migrants travailleurs sont établis en Amérique du Nord, 23,9 % sont établis en Europe, et 13,9 % vivent dans les pays arabes. En revanche, c’est en Afrique du Nord qu’on en trouve le moins, puisque les migrants travailleurs qui résident dans cette région représentent moins de 1 % du total.
Dans les pays arabes que les travailleurs migrants représentent la plus forte proportion de travailleurs sur l’ensemble de la main-d’œuvre nationale, avec 40,8 %. En Amérique du nord, ils représentent 20,6 % de la main-d’œuvre totale, et en Europe, 17,8 %.
Sur les 164 millions d’immigrés au travail, 96 millions sont des hommes et 68 millions sont des femmes. « La plus forte proportion d’hommes parmi les travailleurs migrants pourrait aussi s’expliquer par (…) la plus forte probabilité que les femmes migrent pour des raisons autres que de trouver du travail (par exemple, pour une réunification familiale) de même que par des possibles discriminations contre les femmes qui pourraient réduire leurs opportunités de travail dans les pays de destination », précise le rapport. Il ajoute également que les violences et le harcèlement dont les femmes peuvent être victimes, ainsi que les discriminations dont elles font l’objet sur le lieu de travail, et dans certaines sociétés la stigmatisation, peuvent réduire l’accès des femmes au monde du travail.
Un désastre… et une manne pour les pays d’origine
Enfin, 87 % des migrants travailleurs sont âgés de 25 à 64 ans, ce qui implique que leurs pays d’origine subissent l’exode des actifs les plus productifs de leur main-d’œuvre, ce qui risque d’affaiblir leur croissance économique. Néanmoins, la part des revenus qu’ils transfèrent leurs familles peut aussi constituer une manne pour ces pays.