Le Luxembourg veut devenir le pays du “space mining”

Le Grand-Duché du Luxembourg pense déjà à sa reconversion, et il a un plan : après la finance, son créneau, ce sera l’espace, ou plutôt, l’exploitation minière spatiale. Et il a déjà bien entamé cette transition.

En 2016, le Luxembourg avait décidé de devenir leader en matière d’exploitation commerciale de l’espace, et avait créé un fonds de 200 millions d’euros destiné à l’exploitation minière des astéroïdes. 

Un programme de soutien aux entreprises, une agence spatiale et une législation spécifique

En 2016, le pays avait déjà créé le SpaceResources.lu, un programme destiné à développer un écosystème consacré à la prospection des astéroïdes et des objets géocroiseurs, c’est à dire des objets du système solaire dont leur orbite les rapproche de la Terre, afin d’exploiter les minerais et d’autres matières premières qu’ils sont susceptibles de contenir.

L’année dernière, le Luxembourg est devenu le second pays du monde après les Etats-Unis à se doter d’un cadre législatif relatif à l’exploitation des ressources de l’espace. Cette législation confère à toutes les sociétés établies sur son territoire qui exploitent des mines célestes la pleine propriété sur leurs extractions.

Dans la continuité de cette initiative, au mois de septembre de cette année, il a fondé la Luxembourg Space Agency (LSA). Elle a pour mission de soutenir les entreprises du secteur, afin que le secteur génère à l’avenir 5 % du PIB luxembourgeois, contre 2 % actuellement.

Le luxembourg veut en effet exploiter ce filon à plein pour devenir le fer de lance du « space mining », l’exploitation minière des corps célestes, et plus particulièrement, des astéroïdes. « Au début, on pensait qu’on s’attaquait à une petite niche mais on s’est rendu compte au fil des ans que ce marché est au centre d’une grande chaîne de valeur. Un tel développement va se produire, la seule incertitude est le timing », a déclaré Mathias Link, directeur des affaires internationales de la Luxembourg Space Agency (LSA).

Un secteur qui pourrait générer un chiffre d’affaires de 73 à 170 milliards d’euros d’ici 2045

Une étude, commandée à PricewaterhouseCoopers (PwC) par la LSA et l’Agence spatiale européenne, corrobore ses dires : elle a calculé que cette exploitation minière pourrait générer un chiffre d’affaires compris entre 73 et 170 milliards d’euros d’ici 2045, et créer de 845000 à 1,8 million d’emplois, sous réserve d’y consacrer de très gros investissements.

Le pays s’enorgueillit déjà de compter SES, le leader mondial des services de communications par satellite, parmi ses fleurons. La firme, créée en 1985, est cotée à la bourse de Paris, et emploie près de 700 personnes. Au mois de février, une fusée Falcon 9 de SpaceX a lancé le fruit de ses efforts, #GovSat1, le premier satellite militaire luxembourgeois.

Une vingtaine d’entreprises du secteur spatial commercial l’ont rejointe se sont installées dans le Grand Duché, créant à l’occasion 70 emplois. Si tout se passe comme prévu, elles devraient embaucher 400 personnes de plus d’ici 2020. 

Le Graal, c’est… l’eau

Les pionniers qui dirigent ces entreprises ne savent pas encore exactement quels seront les futurs “best sellers” de cette exploitation minière, mais ils parient que ce sera l’eau, en raison des nombreux composants de fusée qui flottent dans l’espace, réduits à l’état de débris spatiaux. Ils ont été conçus pour être alimentés en hydrogène liquide et en oxygène, et si on trouvait un moyen de les ravitailler avec de l’eau, il  serait possible de les réutiliser pour entretenir des satellites jusqu’à la surface de la Lune, ce qui permettrait de réaliser d’importantes économies. 

Certains astéroïdes contiennent en effet de l’eau, piégée dans des dépôts d’argile. Plus petits que les planètes classiques, les astéroïdes n’ont pas une gravité importante, ce qui signifie qu’il devrait être relativement facile de les miner. La ressource est importante à première vue : en effet, on en dénombre plus de 18 000 à proximité de la Terre.

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