2022 est décidément une année compliquée pour Wall Street, après les inquiétudes sur l’inflation et les potentielles hausses d’intérêt, c’est maintenant le conflit ukrainien qui braque les marchés. Le Dow Jones en perte de 1,8% a connu sa pire journée depuis le mois de novembre. Les autres indices ne se sont pas mieux comporté, le S&P 500 lâchant 2% et le Nasdaq 2,9%. L’indice de volatilité VIX – l’indice de la peur – a grimpé de plus de 15%.
La désescalade a reçu pas mal de signaux contradictoires ces dernières 24 heures. Une véritable partie d’échecs entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Des petits mouvements et une guerre de communication, pour pousser l’autre à la faute.
Le président américain a répété devant les journalistes de la Maison-Blanche qu’un risque d’invasion de la Russie en Ukraine restait « très élevé » dans les prochains jours. Moscou a retiré certaines troupes d’Ukraine pour en replacer d’autres ailleurs: un jeu de va-et-vient qui est difficile, même pour les experts, de déchiffrer.
En conséquence, Wall Street est dans l’incertitude et ne sait plus quoi penser. Et même si un conflit devait éclater, il reste difficile à évaluer l’impact à long terme pour les marchés. Les prix de l’énergie devraient logiquement être impactés, mais personne ne connait la réelle réponse de l’occident en cas d’invasion russe de l’Ukraine. Les experts craignent pour la chaine d’approvisionnement qui est à la base de l’inflation.
Inflation
Car il y a toujours cette inflation galopante. Wall Street était d’abord inquiet que la Fed agisse trop tardivement et de manière pas assez stricte. Désormais, c’est le contraire, les marchés voient un resserrement de la politique monétaire trop sévère. Jusqu’à 7 hausses des taux d’intérêt sont évoquées, avec une hausse de 50 points en mars pour commencer. Le risque, c’est d’essouffler une économie qui est censée être en forte croissance.
Hier Carl Icahn, l’un des vétérans de Wall Street et dont l’avis est très respecté, a mis en garde contre une fin peu heureuse: « Ça ne va pas bien se terminer. Tôt ou tard, une situation comme celle-ci finira relativement mal. Vous ne pouvez pas continuer à imprimer de l’argent, et imprimer, et imprimer, parce que cette dette que vous avez maintenant […] vous ne pouvez pas la contrôler […]. Le gouvernement ne peut pas contrôler l’inflation. »
Entretemps, le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, a appelé à une action agressive sans quoi l’inflation pourrait devenir incontrôlable.
« Wall Street se sent très nerveux alors qu’il regarde vers la gauche et voit s’intensifier les risques géopolitiques avec la situation en Ukraine, puis il regarde vers la droite et voit le potentiel d’un resserrement agressif de la Fed », a résumé Edward Moya, analyste principal du marché chez Oanda, dont les propos ont été relayés par CNBC.