La semaine dernière, la Russie a mis les bouchées doubles dans le cadre de la réduction des livraisons de gaz destinées aux pays européens. Deux pays scandinaves s’inquiètent: ils n’excluent pas des pénuries pour la fin de l’année.
En début de semaine dernière, Gazprom a réduit de 60% ses livraisons de gaz vers l’Allemagne via Nord Stream 1. En outre, des pays tels que l’Italie et l’Autriche ont aussi signalé avoir reçu des quantités réduites, tandis que la France a signalé qu’elle ne recevait plus du tout de gaz par gazoduc. Cela semble clair, après avoir coupé le robinet vers la Pologne, la Bulgarie, le Danemark et les Pays-Bas, la Russie est entrée dans une nouvelle phase d’intensification de son durcissement à l’égard des pays européens.
En ce début de semaine, deux pays scandinaves ont émis une première alerte relative à de potentielles pénuries de gaz pour les mois à venir: le Danemark et la Suède.
Premier niveau d’alerte sur trois
Lundi, l’agence danoise de l’énergie a activé un premier niveau d’alerte, dit « d’alerte précoce », rapporte Thelocal.dk.
Ce signalement est en fait lié à l’initiative mise en place par l’Union européenne pour permettre aux États membres de signaler des difficultés d’approvisionnement en énergie imminentes en utilisant trois niveaux d’alerte ascendants, les deux suivants étant « alerte » et « urgence ». Via ce système, l’UE vise à promouvoir une assistance mutuelle entre États membres. Mais il implique également un potentiel rationnement.
« C’est une situation grave à laquelle nous sommes confrontés et elle a été exacerbée par la réduction des approvisionnements », a déclaré le directeur adjoint de l’Agence danoise de l’énergie, Martin Hansen. « Nous suivons de près l’évolution des marchés du gaz. Nous recevons toujours du gaz au Danemark, et nous avons des plans prêts pour protéger les consommateurs. Heureusement, nous sommes robustes au Danemark parce que nous avons beaucoup d’énergie verte. »
Le Danemark se prépare au rationnement
Actuellement, les stocks de gaz du Danemark sont remplis à environ 75%, « et du gaz a été ajouté ces derniers jours », a indiqué l’agence dans un communiqué. Pour rappel, l’UE a fixé comme objectif commun à ses États membres de remplir leurs stocks à 80% d’ici novembre. Le gaz représente 18% de l’énergie consommée chaque année dans le pays. La production nationale a représenté les trois quarts du gaz consommé en 2019. Pour les importations, la Russie constitue l’un des principaux fournisseurs.
Au vu de ces chiffres, le gaz russe semble donc loin d’être primordial pour les Danois. Mais un plan de rationnement est tout de même sur la table, afin de s’assurer que la population n’ait pas à craindre le froid de l’automne et de l’hiver à venir. Ainsi, il est prévu que les plus grandes entreprises consommatrices de gaz pourraient finir par voir leur approvisionnement fermé (partiellement ou totalement) pendant un certain temps.
« La plupart d’entre elles ont des plans prêts pour remplacer le gaz, mais nous allons maintenant les recontacter pour savoir si les autorités peuvent faire quelque chose pour les aider », a précisé M. Hansen.
« Nous n’en sommes pas encore là, mais nous sommes prêts », a ajouté le ministre danois du Climat, de l’Énergie et des Services publics, Dan Jørgensen, auprès de DR. Il a également confié se préparer à deux scénarios: « Le premier est que la Russie coupe complètement l’approvisionnement en gaz de l’Europe, le second est que nous choisissons nous-mêmes de dire que nous ne l’accepterons plus. »
La Suède s’aligne
Moins de 24 heures plus tard, la Suède a elle aussi lancé une « alerte précoce » relative à son approvisionnement en gaz.
« La Suède et le Danemark ont un marché commun du gaz et une zone d’équilibrage commune où la situation d’approvisionnement du Danemark est d’une grande importance pour celle de la Suède », a indiqué l’Agence suédoise de l’énergie dans un communiqué. « Par conséquent, l’Agence de l’énergie en Suède a décidé de refléter la décision du Danemark au niveau de la crise. »
L’agence suédoise semble toutefois moins inquiète que sa voisine, indiquant que « la situation de l’approvisionnement en gaz en Suède reste solide » et que les stocks en Suède, au Danemark et en Europe sont « bien approvisionnés en prévision de l’automne ».