Google: ‘Les entreprises belges doivent se secouer ; les gouvernements, réguler et investir intelligemment’

Dans son nouveau livre Homo Digitalis, le patron de Google Belgique Thierry Geerts exhorte les différents acteurs de la société à apprivoiser l’univers numérique pour en tirer parti, plutôt que de ‘subir les conséquences de (leur) inaction’. Morceau choisi.

À l’heure où de par le monde les régulateurs tentent d’encadrer avec un certain alarmisme les géants d’Internet, le directeur général de Google Belgique sort aux éditions Racine ‘Homo Digitalis’, un plaidoyer de 160 pages sur les bienfaits de la digitalisation sur l’humanité.

Sous la plume d’un ghostwriter gantois qui a rédigé le livre pour son compte, Thierry Geerts y passe en revue avec un optimisme, que certains estimeront surfait, les principaux enjeux pour rester ‘maître de notre destin’ face à la technologie.

En fin d’ouvrage, le patron belge de la multinationale du web adresse une piqûre de rappel, qu’on imagine voulue salutaire, aux acteurs de premier rang de la digitalisation de la Belgique (poke Mathieu Michel, Secrétaire d’État).

Le DG de Google envoie d’abord un diplomatique coup de pied aux fesses des chefs d’entreprises belges en pointant le bond du commerce en ligne pendant cette crise du coronavirus.

‘Malheureusement, trop peu de commerces belges ont pu en profiter. Pendant des années, le secteur du commerce de détail a nié l’existence de Digitalis (ndlr: le pays virtuel unissant plus de 4 milliards d’êtres humains connectés). La moitié des commerçants belges sans webshop ont attendu la crise pour se lancer dans l’e-commerce’, épingle Thierry Geerts.

Il en veut pour preuve les habitudes de consommation des Belges en matière de vêtements.

‘Quand ils achètent en ligne, ils se rendent sur Zalando. Il est parfaitement possible d’acheter local et en ligne, mais pour cela, nos entreprises doivent se secouer’, assure le boss de Google Belgique.

Le pouvoir des gouvernements

Mais la frilosité de certaines PME ou même de grands groupes belges face à la transformation numérique dispose en quelque sorte de circonstances atténuantes, liées aux réalités du marché domestique.

‘Cette passivité s’explique non seulement parce que les entreprises belges sont trop timorées, mais aussi parce que nos coûts salariaux sont plus élevés et que nous sommes moins flexibles que les pays voisins’, souligne le country manager de Google Belgique.

Il appuie son argument en citant l’exode de milliers d’emplois vers les pays limitrophes à la Belgique parce que des centres de distribution n’avaient selon lui pas d’autre choix.

‘Un gouvernement peut assumer plusieurs tâches pour digitaliser un pays, mais la plus importante est qu’il a le pouvoir de définir les règles du jeu. Ces règles définissent quel train nous prendrons et celui ou ceux que nous laisserons passer’, écrit Thierry Geerts. Et d’insister : ‘Si elle n’était pas tombée dans le travers de la surrégulation, la Belgique aurait pu devenir la capitale de la radio.’

Le patron de Google Belgique remémore cet épisode vieux d’un siècle lors duquel les gouvernements n’ont autorisé que les émissions radio des chaînes publiques, ‘par crainte que n’importe qui puisse s’adresser en direct à la population’. Et ainsi briser la dynamique entrepreneuriale du pays en la matière.

Financements publics

La dernière recommandation du directeur général de Google Belgique pour saisir toutes les opportunités de la digitalisation vise enfin la politique économique soutenue par nos dirigeants politiques.

‘Une autre responsabilité importante du gouvernement est de gérer intelligemment les subventions’, indique Thierry Geerts, soutenant qu’il faille se préparer au mieux pour le futur et donc éviter de s’accrocher à tout crin aux systèmes existants.

Il considère avoir un ‘bon exemple’ avec LRM, la société limbourgeoise d’investissement qu’on retrouve derrière près de 300 entreprises et qui, depuis sa création, a versé quelque 372 millions d’euros à ses actionnaires.

‘Elle est née en 1994, soit deux ans après la fermeture de la dernière mine. Au lieu d’injecter de l’argent dans une industrie agonisante, les décideurs politiques ont choisi de faire évoluer l’industrie manufacturière limbourgeoise vers une économie basée sur l’innovation et la technologie’, ponctue Thierry Geerts.

François Remy.

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