Le centre politique allemand est en train de disparaître et c’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe

La chancelière allemande Angela Merkel, au pouvoir depuis treize ans dans son pays, reste le dirigeant indispensable de l’Europe. En Allemagne, toutefois, sa popularité ddécline. Selon l’agence de presse Bloomberg, l’érosion du soutien domestique pour les partis centristes tels que celui de Merkel menacent la stabilité de l’Europe

« Les électeurs du plus grand Etat d’Allemagne, la Bavière, ont porté un coup dur aux partenaires de coalition de Merkel, la Christlich-Soziale Union (CSU) et la Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD) », écrit Bloomberg.

« Le soutien pour la CSU est tombé sous le seuil des 40 % pour la première fois depuis les années 50 et le SPD a été écrasé, remportant moins de 10 % des vtes. Les principaux bénéficiaires ont été l’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) et Die Grünen, qui sont désormais devenus le deuxième parti au Parlement bavarois. »

Hesse

« Les résultats ont affaibli la position déjà fragile de Merkel « , a déclaré Bloomberg. « Un grand nombre de ses alliés sont toujours furieux contre sa décision d’accepter un million de réfugiés du Moyen-Orient.

Le mois dernier, les législateurs de la CDU et de la CSU ont écarté Volker Kauder, le leader du bloc de centre droit au Parlement allemand et le bras droit le plus loyal de Merkel, pour le remplacer par un politicien conservateur plus radical sur le plan fiscal. Parallèlement, la CSU est passée à droite et menaçait de paralyser le gouvernement si Merkel ne restreignait pas l’immigration. (…) Cette tactique n’a pas fonctionné : le soutient pour l’AfD s’est renforcé, et les modérés ont rejoint Die Grünen.

Le pire est encore à venir. Le parti de Merkel pourrait subir une nouvelle déconvenue le 28 octobre, lorsque les électeurs iront aux urnes dans l’Etat de la Hesse, où la CDU domine depuis deux décennies. (…)

Le mandat de Merkel prend fin en 2021, et pour le moment, elle n’est pas confrontée à un sérieux problème de concurrence. L’économie allemande continue d’afficher des performances solides. Mais la politique allemande se fragmente, et les partis de droite et de gauche se renforcent aux dépens du centre, qui contrôle la politique nationale depuis des années. »

Partenaire lunatique

« Merkel aura des difficulté à maintenir sa coalition, et encore plus à gouverner efficacement. Et un chancelier allemand affaibli, préoccupé par des troubles internes,est de mauvais augure  pour l’Occident, confronté à une érosion mondiale de la démocratie libérale et à une Union européenne de plus en plus contestée par un partenaire américain erratique, et un populisme d’extrême droite ascendant en Italie, en Hongrie, et en Pologne, comme en Allemagne. 

Pour restaurer un certain degré de confiance dans son leadership, Merkel doit agir avec plus de détermination dans plusieurs domaines. »

Premièrement, elle devrait enfin élaborer un plan détaillé de réforme du système de migration de l’UE, qui devrait inclure une politique commune en matière de réfugiés et davantage de ressources pour sécuriser les frontières extérieures de l’UE et intégrer les migrants dans leurs nouvelles sociétés. Deuxièmement, elle devrait accepter les propositions visant à créer un système de carte verte allemand afin d’attirer des immigrants qualifiés venant de l’extérieur de l’Europe. Troisièmement, comme le gouvernement enregistre un excédent record, Mme Merkel devrait emprunter quelques idées au programme électoral fructueux des Verts et encourager les investissements dans l’infrastructure numérique, les soins de santé et le logement abordable.

De façon tout aussi importante, Merkel doit former de futurs dirigeants capables de préserver son héritage tout en reconnaissant la soif de changement du pays. (…)

Il faut espérer que Merkel pourra enrayer le pourrissement de la situation. Un gouvernement divisé sans véritable leadership à Berlin est la dernière chose dont l’Allemagne ou l’Europe, ont besoin ».

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