Bien que l’Allemagne ait accueilli plus d’un million de réfugiés depuis 2015, les postes vacants d’un nombre croissant de secteurs ne sont toujours pas pourvus.
L’Allemagne assouplit les réglementations existantes en matière d’immigration en raison d’une pénurie aiguë de main-d’œuvre dans différents secteurs économiques. Selon les médias allemands, la coalition CDU-CSU et SPD a conclu un accord lundi soir.
En vertu des nouvelles règles, les immigrés qui résident déjà en Allemagne mais qui sont en attente de l’examen de leur demande de résidence auront plus de chances d’obtenir un permis de séjour s’ils peuvent prouver qu’ils ont un emploi et s’intègrent à la société allemande.
Un goulet d’étranglement pour les « travailleurs des pays du tiers monde »
Ceux qui ne sont pas encore en Allemagne, mais qui exercent l’une des professions concernées par ces pénuries – chefs, métallurgistes et informaticiens – seront autorisés à se rendre en Allemagne et à y séjourner pendant six mois pour chercher du travail, à condition de parler allemand.
Le gouvernement Merkel est bien conscient du fait qu’il devra chercher la main-d’œuvre nécessaire pour absorber les pénuries de travailleurs allemands hors de l’UE. Selon le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, « des travailleurs des pays du tiers monde » seront en effet nécessaires pour cela. Une partie du problème vient du vieillissement rapide de l’Allemagne.
En Allemagne, le «plein emploi» a presque été atteint et le nombre de chômeurs n’a jamais été aussi faible depuis la réunification allemande en 1991. Avec un taux de chômage de 3,5 %, nos voisins orientaux de la zone euro ne sont dépassés que par la République tchèque, où l’on ne recense que 2,5 % de chômeurs, selon les derniers chiffres de l’agence statistique de l’UE, Eurostat.
Toutefois, dans plusieurs secteurs en Allemagne, la croissance économique est menacée par une pénurie de personnel qualifié. Dans le secteur des technologies de l’information, le déficit de main d’oeuvre a atteint près de 340 000 postes vacants le mois dernier.
Des travailleurs migrants, pas des demandeurs d’asile
La coalition gouvernementale souligne que les règles assouplies ne s’appliquent qu’aux travailleurs migrants et non aux demandeurs d’asile. Depuis qu’Angela Merkel a annoncé son intention d’accueillir tous les réfugiés syriens en 2015, l’Allemagne a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile. Mais ces derniers mois, la « politique de bienvenue » de Merkel a mis son gouvernement en difficulté plus d’une fois. Le parti populiste d’extrême droite anti-immigration Alternative für Deutschland (AfD) en a profité.
« Des salaires appropriés résoudraient beaucoup »
Beaucoup d’experts se montrent sceptiques à l’égard de cette nouvelle réglementation assouplie. À la fin du mois d’août, Eric Seils, auteur du Wirtschafts und Sozialwissenschaftliche Institut, a affirmé que « le problème n’est pas tant qu’il n’y a pas pas assez de personnel disponible, mais qu’il faut dire que les entreprises ne sont pas prêtes à offrir les salaires appropriés ».
« Les plaintes des dirigeants d’entreprises concernant la pénurie de travailleurs qualifiés ne sont qu’une tactique pour ralentir la hausse des niveaux de rémunération dans le secteur allemand des bas salaires. Non seulement la législation sur l’immigration prévue pour attirer autant d’employés potentiels que possible est inutile, mais elle est même nuisible. »