Aucun autre grand pays de l’UE ne peut se targuer d’avoir un plus grand excédent budgétaire que l’Allemagne. Mais les Allemands ont payé un lourd tribut pour réaliser ce prodige : leurs écoles et leurs routes sont souvent dignes de celles des pays du tiers-monde. L’Allemagne dispose d’un excédent budgétaire de 23,7 milliards d’euros, ce qui représente près de 1 % du PIB. Mais selon les experts de la KfW, la Banque allemande de développement, 126 milliards d’euros sont nécessaires pour restaurer l’infrastructure. Il faudrait débourser 33 milliards d’euros pour restaurer les écoles, et 34 autres, pour les routes.« Nos ponts, nos installations ferroviaires, nous écoles… Tout est cruellement obsolète et a désespérément besoin de renouvellement ou de remplacement », explique Achim Truger, de l’école berlinoise d’Economie et de Droit.
« Le gouvernement considère le respect du « schwarze Null » [un budget équilibré sans chiffres dans le rouge] plus important que d’investir les infrastructures. L’aversion pour la dette est devenue partie intégrante du système politique allemand. C’est aussi le résultat des politiques d’austérité qui ont été menées pour corriger notre situation financière après la réunification allemande, lorsque l’on surnommait notre pays « l’homme malade de l’Europe ». »
Pourtant, selon Truger, il existe de grandes différences entre la situation de l’État, celle des Länders, et celle des municipalités, dont certaines sont extrêmement endettées.
N’aller aux toilettes que quand on peut pas faire autrement
L’état déplorable de nombreuses écoles est devenu un fer de lance de la campagne législative. « Il est impossible que les toilettes de nos écoles ne fonctionnent pas, et qu’il n’y ait pas d’argent pour les réparer », a récemment déclaré Martin Schultz, la figure de proue du SPD, lors d’un meeting électoral à Hambourg.
Une enquête officieuse de l’Organisation de la German Toilet Organization (GTO), une O.N.G. qui travaille à l’amélioration des systèmes de santé en Afrique, dresse un constat sans concession de l’état des toilettes en Allemagne. GTO a interrogé 800 étudiants dans 22 écoles de Berlin. Il en est ressorti que 53 % d’entre eux ont déclaré n’utiliser les toilettes qu’en cas d’urgence absolue. (Les photos que l’on peut voir sur cette page sont éloquentes.) Dans la ville de Berlin, un WC public sur 4 est défectueux.
Merkel : Le problème n’est pas l’argent, mais la bureaucratie
Schulz veut former une alliance nationale qui investirait 12 milliards d’euros dans les écoles, en obligeant le gouvernement à réinvestir une partie de l’excédent budgétaire dans l’infrastructure. Pour Angela Merkel, le problème n’est pas de trouver de l’argent, mais de développer une vision à long terme, ce qui, selon elle, est entravé par les divers niveaux de pouvoir et de bureaucratie au niveau local et au niveau des Länders.Selon Kai Eicker-Wolff du syndicat des enseignants GEW, c’est un problème général en Allemagne. Ceux qui voyagent en voiture de Berlin à Francfort (547 km) mettront souvent plus de 7 heures à effectuer ce trajet, bien que la vitesse ne soit pas limitée sur les autoroutes allemandes, en raison des travaux en cours sur presque tous les tronçons de la wegendek.Un autre exemple est fourni par le tunnel de Rastatt, qui relie l’Allemagne à l’Europe du Sud. Une partie du tunnel s’est effondrée cet été, et la circulation des trains entre les 2 pays a été suspendue en conséquence. Le transport de marchandises sur l’un des itinéraires de transport les plus importants vers l’Europe du Sud est maintenant sérieusement entravé. Des travaux routiers sont en cours sur des itinéraires alternatifs, ce qui n’a fait qu’aggraver le chaos logistique dans la région.