L’argent européen suffira-t-il à faire changer d’avis la Turquie sur la situation des migrants?

L’Union Européenne s’est dite prête à offrir plus d’argent à la Turquie pour aider à la régulation des migrants. Mais ce ne semble pas correspondre aux attentes d’Ankara.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sont actuellement en réunion à Zagreb pour discuter du cas de la Turquie. Le pays a annoncé le 28 février qu’il ne retiendrait plus les migrants voulant se rendre en Europe. De cette manière, Ankara a rompu volontairement son accord avec l’Union européenne. Mais pour la Turquie, l’Europe n’a pas non plus respecté ses engagements. En échange d’un soutien financier européen, le pays devait maintenir les réfugiés sur son territoire.

Aujourd’hui, près de 35.000 migrants attendent à la frontière gréco-turque. Une situation difficilement tenable pour la Grèce. L’Union européenne doit donc trouver rapidement une solution.

Plus d’argent

Pour Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l’UE, il faut comprendre que la situation de la Turquie est compliquée. Le pays porte ‘un énorme fardeau’. Cependant, sa réaction semble inacceptable pour l’Europe. ‘Nous ne pouvons pas accepter que les migrants soient utilisés comme source de pression’, a déclaré Borrell.

Toutefois, l’Union européenne s’est dite prête à offrir plus d’argent pour l’aide humanitaire en Turquie. Selon Reuters, une rallonge de 500 millions aurait été évoquée comme une possibilité. Mais lors d’une conférence de presse, le président turc a laissé entendre qu’il ne croyait plus beaucoup dans les promesses de l’Europe. L’Union n’aurait versé que 3,2 milliards d’euros pour les aides sur les 6 milliards promis. La Turquie a quant à elle affirmé qu’elle avait déjà dépensé 40 milliards de dollars, soit 35,4 milliards d’euros, pour la gestion des réfugiés

Turquie, UE et OTAN

Mais l’argent ne semble pas être ce qui intéresse Ankara. La géopolitique serait au cœur du problème.

La Turquie se trouve actuellement dans un conflit avec la Syrie – même si un cessez-le-feu a été décidé ce matin avec la Russie. Son but est toutefois de consolider sa position dans le nord de la Syrie et pour cela, elle demande le soutien des pays membres de l’OTAN et une zone d’exclusion aérienne au-dessus d’Idleb à l’ONU. L’Union européenne ne peut pas décider seule, mais elle peut tenter d’influencer ces Organisations.

Ankara voudrait aussi que le système de missiles Patriots de l’Espagne puisse rester sur le territoire après 2020. Si l’Espagne accepte, cela offrirait une défense supplémentaire à la Turquie.

A l’heure actuelle, Ankara n’a pas clairement exprimé ce qu’elle voulait en échange de la gestion des migrants et de la fermeture de la frontière gréco-turque. Une aide économique plus importante ne suffira certainement pas. Et il n’est pas sûr que l’aide de l’Europe en géopolitique sur ces deux dossiers soit suffisante. La Turquie sait qu’elle est position de force dans la discussion. Un accord risque donc d’être pénible à négocier pour l’Union européenne.

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