L’Arabie saoudite continue de soutenir l’adhésion de la Russie à l’OPEP+ : « Le monde doit apprécier le cartel pétrolier »

L’Arabie saoudite, première exportatrice mondiale de pétrole, a indiqué par l’intermédiaire de son ministre de l’énergie qu’elle continuerait à soutenir la Russie en tant que membre du cartel pétrolier OPEP+. Le prince Abdulaziz ben Salmane a déclaré au Financial Times qu’il soutenait l’alliance pétrolière avec les Russes, malgré les sanctions économiques imposées par l’Occident au régime russe.

Pourquoi est-ce important ?

L'Occident attend du cartel pétrolier OPEP+ (OPEP avec la Russie et ses alliés) qu'il fasse quelque chose pour contrer la hausse des prix du pétrole. Après tout, les membres du cartel peuvent décider d'augmenter la production afin de maintenir le prix à un niveau bas. Les quotas de production de pétrole fixés en avril 2020 expirent dans trois mois, une discussion sur de nouveaux quotas est donc à l'ordre du jour.

L’Arabie saoudite, leader de facto de l’OPEP et premier exportateur mondial de pétrole, coordonne depuis 2016 les quotas de production de pétrole avec la Russie par le biais de l’OPEP+.

Le royaume islamique s’efforce d’adopter une attitude neutre depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le prince héritier Mohammed ben Salmane a rencontré Poutine à deux reprises depuis l’invasion. Ce mois-ci, lui et le roi Salman ont félicité le dirigeant russe le jour où ses concitoyens ont commémoré la victoire de l’Union soviétique sur l’Allemagne nazie.

Le monde doit « apprécier » le cartel du pétrole

Les Saoudiens ont ainsi fait savoir qu’ils soutiendraient la Russie en tant que membre de l’alliance OPEP+. Et ce, malgré le renforcement des sanctions occidentales contre Moscou et une éventuelle interdiction européenne des importations de pétrole russe.

Ainsi, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz ben Salmane, a déclaré dimanche au Financial Times (FT) que Riyad espère « élaborer un accord avec l’OPEP+ (…) qui inclut la Russie ». Il a souligné que le « monde » devrait « apprécier » le cartel pétrolier dans sa forme actuelle.

Le représentant du gouvernement a également affirmé qu’il était trop tôt pour dire à quoi pourrait ressembler un nouvel accord, étant donné les incertitudes du marché. L’OPEP+ augmentera en effet la production « si la demande est là », a-t-il déclaré. Mais : « Avec les ravages que vous voyez maintenant, il est trop prématuré d’essayer de parvenir à un accord », a déclaré le prince.

D’ailleurs, les Saoudiens ne sont pas les seuls à soutenir ouvertement la Russie dans le cartel du pétrole. Le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, Suhail Al Mazrouei, a également demandé récemment que la Russie ne soit pas exclue de l’OPEP+. « Qui peut remplacer la production pétrolière de la Russie ? » a déclaré le ministre.

Accord

L’alliance pétrolière a respecté son accord de 2020, selon lequel les membres de l’alliance augmentent la production totale de pétrole du modeste montant de 430.000 barils de brut par jour chaque mois.

  • Mais la production russe a chuté depuis le début de la guerre en Ukraine, passant d’environ 11 millions de barils par jour en mars à une moyenne de 10 millions de barils par jour en avril, selon le fournisseur de données OilX.
  • L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que la production pourrait chuter encore davantage – jusqu’à 3 millions de barils par jour – si les puissances occidentales imposent des mesures punitives plus strictes pour réduire la dépendance européenne à l’égard de l’énergie russe.
  • Parmi les mesures sur la table figure une interdiction européenne du pétrole russe. Cependant, l’Inde a augmenté ses importations de pétrole russe depuis le début de la guerre.

Résistance

Riyad résiste aux pressions occidentales visant à augmenter la production de pétrole brut afin de faire baisser les prix. Les dirigeants des États du Golfe insistent sur le fait qu’il n’y a pas de pénurie d’approvisionnement.

Dans cette interview, le prince Abdulaziz a imputé la flambée des prix à la pompe à un manque de capacité de raffinage au niveau mondial et aux taxes.

« Le facteur déterminant pour le marché est la capacité de raffinage, et la façon dont vous la débloquez », aurait-il déclaré selon le FT. « Au moins au cours des trois dernières années, le monde entier a perdu environ 4 millions de barils de capacité de raffinage, dont 2,7 millions rien que depuis le début de la crise du coronavirus. »

La politique en dehors

En outre, le ministre de l’Énergie a déclaré que la politique devait rester en dehors de l’OPEP+. Il a fait valoir que l’alliance sera nécessaire pour procéder à des « ajustements ordonnés » à l’avenir, dans un contexte d’incertitude quant aux chocs de la pandémie en Chine, à la croissance mondiale et aux chaînes d’approvisionnement.

Il a déclaré que pour atténuer les goulets d’étranglement au niveau de la production et des capacités de raffinage, les gouvernements devaient encourager l’industrie à investir dans les hydrocarbures, même si les pays passent en masse à des sources d’énergie plus propres.

« Dans cette situation, (…) la mascarade et le soi-disant politiquement correct doivent être mis de côté (…) Il s’agit d’essayer de se rapporter à la réalité existante et d’y trouver des remèdes. »

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