L’aluminium, prochaine victime des sanctions contre la Russie et du marasme économique ?

L’industrie de l’aluminium est la dernière victime en date du marasme qui ressert ses filets sur l’économie mondiale. Le demande est en baisse, donc les prix chutent, alors que les coûts de production suivent ceux de l’énergie. Mais en attendant, l’aluminium produit s’accumule.

Pourquoi est-ce important ?

Si les prix de l'énergie augmentent à des niveaux vertigineux, toutes les matières premières ne suivent pas le même mouvement : dans le cas de l'industrie de l'aluminium, les revenus s'effondrent, et les stocks dont personne ne veut s'accumulent dans les entrepôts.

L’actualité : Les États-Unis veulent encore renforcer leur arsenal de sanctions à l’encontre de la Russie, et ont la production russe d’aluminium dans le collimateur. Ils envisagent l’interdiction de l’importation d’aluminium du producteur russe Rusal.

  • Conséquence logique : les marchés craignent un dumping massif de son aluminium de la part de la Russie. Comme elle l’a fait avec son pétrole, la Russie pourrait brader ses prix pour écouler son stock au plus offrant. Or la Russie représente 17% de la production mondiale.

  • Sauf que personne ne veut d’aluminium pour l’instant : le ralentissement de la croissance, en particulier en Chine, grande consommatrice via son secteur de l’immobilier et des infrastructure, fait s’effondrer la demande de ce métal. En cause, encore une fois : la politique « zéro-Covid » de Pékin.

  • Les hausses des taux d’intérêts dans la majeure partie du reste du monde fait aussi diminuer la demande d’aluminium, l’investissement dans de nouvelles infrastructures n’étant généralement plus à l’ordre du jour.

  • A côté de cela, le coût de production augmente, car l’industrie de l’aluminium consomme énormément d’énergie : l’électricité représente 30% des coûts de production. En outre, si la Russie est productrice, elle fournit aussi les matériaux de base du secteur, à savoir la bauxite et le minerai d’alumine.

Conséquence : les stocks s’accumulent alors que l’industrie voit ses revenus fondre. Le métal invendu a tendance à se retrouver dans le système d’entreposage de la London Metals Exchange (LME), la place boursière de Londres spécialisée dans les contrats à terme portant sur les métaux non ferreux.

  • Le prix de l’aluminium est en baisse : la tonne de ce métal s’échange à 2.219,5 dollars à l’heure d’écrire ces lignes, alors qu’elle en valait 2.497 en juillet, et 3.491 en mars dernier. Les prix devraient continuer à chuter.

« Il a été très décevant pour le pauvre marché de l’aluminium de voir une sorte de double coup dur dû à l’affaiblissement de la demande mondiale, en Chine en particulier, mais aussi à la Russie qui fait du dumping d’aluminium sur le marché mondial »

Timna Tanners, analyste des mines et des métaux de Wolfe Research sur CNBC

Et ensuite ? Cette situation peut-elle se résorber ? Pas de suite, selon les analystes des marchés. Jusqu’à présent, rien n’indique que la demande chinoise pourrait s’améliorer rapidement, le président Xi Jinping voulant maintenir sa politique sanitaire. « Donc, définitivement, ce trimestre a reflété ces défis » paraphrase Timna Tanners. Et le prochain risque d’être lui aussi très difficile.

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