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L’AIE épingle une conséquence positive de la guerre en Ukraine et publie un rapport aux allures optimistes… mais finalement toujours très inquiétant

L’AIE épingle une conséquence positive de la guerre en Ukraine et publie un rapport aux allures optimistes… mais finalement toujours très inquiétant
Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE. (BROOK MITCHELL/POOL/AFP via Getty Images)

Ce jeudi, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié un rapport portant sur ses prévisions pour les décennies à venir. Selon elle, si la guerre en Ukraine provoque actuellement une crise énergétique sans précédent, elle appuie aussi une transition plus rapide. Ou en tout cas moins lente.

Pourquoi est-ce important ?

La guerre en Ukraine a poussé de nombreux pays à revoir leur dépendance aux combustibles fossiles russes. Et à augmenter leurs investissements dans des énergies propres. Le déclin prévu pour le charbon et le pétrole devrait être très bientôt accompagné par celui du gaz. Mais il n'y a pas de quoi sauter au plafond non plus.

Dans l’actualité

  • Ce jeudi, l’AIE a publié son rapport mondial sur l’énergie.
  • Sa teneur est plutôt optimiste. En tout cas sur le plan de la réduction du recours aux énergies fossiles à travers le monde.
  • Toutefois, cette diminution reste trop lente. Les émissions mondiales vont donc continuer de baisser à un rythme largement insuffisant que pour contrecarrer les dramatiques conséquences du dérèglement climatique.

Les détails

D’une part, l’AIE estime que la guerre en Ukraine a provoqué un « choc sans précédent et des changements de longue durée, avec de très fortes secousses » sur les marchés du gaz naturel, du charbon, de l’électricité et aussi du pétrole.

  • Conséquence n°1 : la demande mondiale pour le charbon et le pétrole devrait atteindre son pic d’ici 2030. Cela confirme les précédentes prévisions de l’AIE.
    • Cela vaut également pour la Chine, pourtant plus grande consommatrice au monde de charbon et de pétrole.
  • Conséquence n°2 : la demande mondiale pour le gaz devrait elle aussi atteindre son pic d’ici la fin de cette décennie. Et ça, c’est un élément neuf.
    • Elle devrait augmenter de moins de 5% d’ici 2030, puis rester stable d’ici 2050.
    • « Après une croissance rapide de la consommation de gaz au cours des dix dernières années, nous pensons que l’âge d’or du gaz touche à sa fin », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, au Financial Times.
  • Conséquence n°3 : la part des combustibles fossiles dans le bouquet énergétique mondial devrait être d’environ 60% en 2050, contre 80% actuellement.
Même dans le scénario le plus pessimiste – et sans doute le plus réaliste -, l’AIE voit la demande en gaz, charbon et pétrole diminuer d’ici 2050. (AIE)

D’autre part, l’AIE contredit certaines rumeurs qui attribuent l’actuelle envolée des prix de l’énergie aux engagements pris ces dernières années en faveur du « zéro émission » dans certaines parties du monde.

  • Selon elle, un grand nombre de gouvernements commencent à prendre des mesures pour « accélérer les changements structurels ».
    • Elle salue notamment l’impact de la loi américaine sur l’inflation, des plans Fit for 55 et REPowerEU de l’UE ou encore du plan « Croissance verte » du Japon dans l’accélération de la transition vers des sources d’énergie plus vertes.
  • L’agence prévoit que les investissements dans les énergies propres (renouvelables surtout, mais le nucléaire aussi) augmenteront d’environ 50% d’ici la fin de la décennie pour atteindre 2 milliards de dollars par an.
    • C’est plus du double du montant investi annuellement dans les combustibles fossiles aujourd’hui.
  • Toutefois, l’AIE estime que de plus gros efforts doivent encore être entrepris pour soutenir les énergies propres.
    • Dans certains pays, la demande en combustibles fossiles risque de continuer à augmenter.
    • « Des efforts internationaux majeurs sont encore nécessaires de toute urgence pour réduire la fracture inquiétante dans les niveaux d’investissement dans les énergies propres entre les économies avancées, et les économies émergentes et en développement », a commenté Fatih Birol.
Les investissements dans les énergies propres vont augmenter partout dans le monde, mais pas au même rythme. (AIE)

Le (gros) point noir

Malgré ces nouvelles plutôt positives, la diminution de l’utilisation des énergies fossiles devrait être trop lente.

Les émissions mondiales ne devraient donc pas diminuer suffisamment dans les décennies à venir, prévient l’AIE.

  • Le pic des émissions mondiales pourrait être atteint en 2025 : 37 milliards de tonnes de CO2, selon le scénario central de l’agence.
  • Ensuite, ces émissions devraient baisser, mais trop lentement : 32 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2050, selon ce même scénario.
    • Cela pourrait entraîner une augmentation d’environ 2,5 °C des températures mondiales d’ici 2100.
    • On est donc très loin des ambitions affichées lors de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 °C par rapport au niveau préindustriel, en visant 1,5 °C, au cours du siècle.

Les ravages du dérèglement climatique vont donc continuer à nous menacer, avertit l’AIE.

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