Les espoirs de voir la Banque centrale européenne relever prochainement ses taux d’intérêt de seulement 25 points de base fondent comme neige au soleil. Christine Lagarde, présidente de l’institution monétaire, a indiqué lors d’un discours au Forum économique mondial de Davos qu’il est trop tôt pour desserrer le frein à main.
Des hausses de taux moins fortes ? Lagarde douche les espoirs

Pourquoi est-ce important ?
La BCE a commencé à resserrer sa politique monétaire l'été dernier en vue de faire baisser l'inflation. Celle-ci a, depuis, ralenti, mais elle reste largement au-delà de l'objectif de l'institution monétaire.Dans l’actu : Lagarde n’a laissé place à aucun doute lors de son discours à Davos : « L’inflation est encore beaucoup trop élevée. C’est pourquoi nous ne dévierons pas de notre trajectoire actuelle. » Selon la présidente de la BCE, plusieurs autres hausses de 50 points de base des taux d’intérêt seront nécessaires.
- La déclaration de Lagarde est un coup de tonnerre pour de nombreux investisseurs. Car l’agence de presse Bloomberg a rapporté en début de semaine que la BCE envisagerait de relever ses taux d’intérêt de seulement 25 points de base en mars, après une augmentation de 50 points de base lors de la prochaine réunion sur les taux d’intérêt, début février.
- La BCE vise une inflation de 2% (en rythme annuel) à moyen terme. En décembre, la dépréciation monétaire dans la zone euro s’élevait à 9,2%, soit près de cinq fois cet objectif.
- En outre, il est à craindre que les effets de second tour maintiennent l’inflation à un niveau élevé pendant un certain temps encore. Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique, a récemment déclaré dans une interview à Business AM Radio que les prix des denrées alimentaires sont désormais un déterminant très important de l’inflation. « Regardez l’inflation de base, celle qui exclut l’énergie et les aliments non transformés. Ce chiffre est passé à 7,1% en décembre (en Belgique) », a-t-il souligné. Soit en augmentation par rapport à novembre (6,8%).
- Dans la zone Euro, cette inflation de base (excluant l’énergie et les aliments non transformés) a également augmenté, passant de 6,6% en novembre à 6,9% en décembre.
Le procès-verbal confirme l’orientation restrictive de la BCE
Le procès-verbal : La BCE a publié jeudi même le PV de sa dernière réunion. On y lit en effet que l’institution monétaire n’a pas du tout l’intention de relever les taux d’intérêt de manière moins brutale.
- Lors de la réunion de décembre – au cours de laquelle les taux d’intérêt ont été relevés de 50 points de base – les membres du conseil d’administration ont conclu que l’orientation de la politique monétaire devait être resserrée de manière décisive. Certains responsables politiques étaient favorables à une augmentation de 75 points de base, comme ce qui avait été décidé en septembre et en octobre.
- Carsten Brzeski, économiste chez ING, note que l’actuel ralentissement de l’inflation n’est pas le résultat d’un resserrement de la politique monétaire. « L’inflation élevée était principalement due à la hausse des prix de l’énergie, et la récente baisse est donc due à une chute de ces prix », estime-t-il.
Un vrai faucon : selon Brzeski, une BCE belliciste est désormais la nouvelle norme. De plus en plus de ses responsables font pression pour des hausses de taux plus importantes.
- « Les marchés ne devraient pas penser que la BCE va s’en tenir à une seule hausse de taux de 50 points de base, puis lever un peu le pied de la pédale de frein », a confirmé Klaas Knot, le banquier central des Pays-Bas, dans une interview accordée à CNBC.
- Hier, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a déclaré qu’il était trop tôt pour spéculer sur la décision relative aux taux d’intérêt en mars.
(OD)