La Vivaldi est indécise sur le taux d’intérêt minimum obligatoire : intervenir ou non ?

Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale, relance le débat sur les taux d’intérêt des comptes d’épargne. Mais la Vivaldi est partagée.

  • La Banque nationale et son gouverneur Pierre Wunsch s’impliquent dans le débat sur le relèvement des taux d’épargne. Depuis des mois, les experts soulignent que les taux des comptes d’épargne augmentent beaucoup plus lentement que les taux d’intérêt de la BCE, alors que les banques obtiennent des taux d’intérêt de plus en plus élevés lorsqu’elles placent elles-mêmes leur argent à la Banque nationale. Selon les critiques, les banques s’enrichissent.
  • Le libéral francophone Wunsch semble s’en rendre compte : il réitère son appel à ce que le taux d’intérêt d’un compte d’épargne corresponde davantage aux taux du marché. Cela peut être interprété comme une exhortation aux grandes banques à augmenter leurs taux d’épargne de toute façon.
  • Mais, selon les chiffres publiés ce matin dans De Tijd et Le Soir, les Belges, trop conservateurs, ne se tournent guère vers des banques de niche offrant des taux d’intérêt plus élevés.
  • Au niveau gouvernemental, le sujet fait également l’objet d’un débat plus idéologique : faut-il ou non intervenir dans le « marché libre » et commencer à imposer un taux d’intérêt minimum obligatoire plus élevé ? Concrètement, une banque perçoit aujourd’hui un taux d’intérêt de 3,25% pour l’argent qu’elle dépose à la Banque nationale, alors que le taux minimum légal est de 0,11%
  • La vice-première ministre Petra De Sutter (Groen) envisage de mettre sur la table du gouvernement une proposition des députés Dieter Van Besien (Groen) et Gilles Vanden Burre (Ecolo), pour commencer à forcer les banques à augmenter leurs taux d’intérêt sur les comptes d’épargne. « La proposition des Verts vise à ce que l’écart entre ce que la banque reçoit et ce qu’elle donne à ses clients soit de 2% maximum. Cela signifie qu’aujourd’hui, une banque devrait offrir au moins 1,25% d’intérêt sur son compte d’épargne », demande le député Ecolo.
  • Pierre-Yves Dermagne (PS) insiste également sur ce point dans Le Soir : « Il n’est pas normal d’augmenter fortement les taux d’intérêt sur les crédits hypothécaires, mais pas sur l’épargne. » Ce faisant, il souligne le fait que ces prêts hypothécaires sont déjà à environ 4 % aujourd’hui.
  • Ainsi, les libéraux flamands, le Premier ministre De Croo en tête, semblent être les seuls à ne pas vouloir d’une telle intervention sur le marché. Ils évoquent à cet égard le dossier Bpost « et ce qui se passe si les pouvoirs publics s’impliquent trop ». Auparavant, la secrétaire d’État à la protection des consommateurs Alexia Bertrand (Open Vld) avait parlé du taux d’intérêt minimum obligatoire comme « un dernier recours ».
  • Mais les libéraux sont divisés. Car le MR prête également l’oreille à un tel taux minimum : c’est peut-être la raison pour laquelle Wunsch parle haut et fort.
  • Par ailleurs, hier avait lieu l’assemblée annuelle d’Ackermans & van Haaren, le holding dont la famille Bertrand est l’un des principaux propriétaires et dont Alexia Bertrand était administratrice jusqu’à l’année dernière. Ce holding possède deux banques : la Banque privée Delen et la Banque Van Breda. Un actionnaire a demandé quel serait l’impact de l’introduction d’un taux d’intérêt obligatoire. L’administrateur délégué Piet Dejonghe a parlé d’un « équilibre délicat entre les dépôts et les prêts » pour chaque banque. « Il est dangereux de forcer les banques à augmenter les taux d’intérêt », a-t-il déclaré.
  • Le même son de cloche peut être entendu de la part de la Febelfin : « Une longue période de taux d’intérêt bas signifie que les prêts résidentiels ont été accordés à des taux d’intérêt particulièrement bas pendant des années. Un taux d’épargne est déterminé à court terme, alors qu’un crédit logement a une durée moyenne de 20 ans. Les emprunteurs, qui ont opté pour un taux d’intérêt fixe, pourront donc bénéficier d’un taux d’intérêt bas pendant une période de 20 ans ».
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