Il y a une semaine, l’OMS annonçait mettre un terme à ses tests sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, plusieurs rapports tirant la sonnette d’alarme sur sa dangerosité. L’Organisation mondiale de la santé fait aujourd’hui demi-tour…
3.500 personnes et 17 pays participaient à cet essai clinique nommé Solidarity afin d’évaluer le médicament antipaludéen comme traitement au coronavirus. C’était avant qu’une étude publiée dans la revue médicale The Lancet ne vienne tout remettre en cause.
Selon ce rapport très sérieux, l’hydroxychloroquine augmenterait le risque d’arythmies cardiaques et de décès dûs au coronavirus. Sur les 100.000 patients atteints du Covid-19 ayant pris part à l’étude, le risque de mortalité s’élevait à 9,3% pour le groupe témoin et 13% pour le groupe soigné à la chloroquine et dérivé. Le taux d’arythmie cardiaque était lui de 0,3% pour le groupe témoin et… 8% pour les patients traités.
‘Pas de toxicité’
Cette interruption était cependant annoncée comme temporaire, l’OMS devant étudier de son côté les données de cette étude pour vérifier qu’elle ne comporte pas d’erreurs. Les résultats sont désormais connus.
Le comité de suivi de sécurité des données (DSMB) qui a analysé cette étude ‘n’a pas constaté de signal de toxicité significatif parmi les patients recevant de l’hydroxychloroquine’, a déclaré le directeur général de l’OMS Tedros Ghebreyesus. L’essai clinique peut donc maintenant reprendre avec les quatre médicaments testés: hydroxychloroquine, remdésivir, lopinavir/ritonavir et interféron-1a.
The Lancet a également publié une mise en garde contre son propre article publié le 22 mai remettant en cause l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Une démarche assez inhabituelle qui conduit bien souvent au retrait de l’article en question. ‘Nous publions une expression d’inquiétude pour alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à notre attention. Nous mettrons cet avis à jour dès que nous aurons de plus amples informations’, écrit la revue dans un communiqué.
Toutefois, la cheffe scientifique de l’OMS, Soumya Swaminathan, a tenu à rappeler ‘qu’il n’y a, actuellement, aucune preuve que les médicaments proposés contre le Covid-19 réduisent la mortalité. Les études observationnelles ont des limitations. Il faut mener à bien des essais cliniques randomisés’, a-t-elle ajouté lors de la conférence de presse ce 3 juin.
Les responsables de l’essai Recovery au Royaume-Uni avaient déjà décidé de reprendre leurs tests après avoir constaté l’absence de toxicité chez les patients traités à l’hydroxychloroquine. En France, le comité de l’essai clinique Discovery a également tiré les mêmes conclusions, révèle Le Monde. Celui-ci devrait donc aussi reprendre, sous réserve du feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). C’est le professeur Didier Raoult qui doit être content, lui qui chérit tant l’hydroxychloroquine et avait d’ailleurs qualifié l’étude de The Lancet de ‘foireuse’.
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