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« La Russie est vouée à devenir une colonie de ressources chinoise »

« La Russie est vouée à devenir une colonie de ressources chinoise »
Xi Jinping – Vlaidmir Poetin – Sergei KARPUKHIN / SPUTNIK / AFP) (Photo by SERGEI KARPUKHIN/SPUTNIK/AFP via Getty Images)

Ce mardi, Vladimir Poutine et Xi Jinping devrait parler économie. L’occasion de repréciser que depuis que la Russie fait l’objet de sanctions de la part de l’Occident, sa dépendance à la Chine s’élargit.

Pourquoi est-ce important ?

Derrière les sourires de façade et les bons mots, Poutine et Xi Jinping doivent surtout parler argent. La Russie n'a pas le choix : la Chine est désormais son principal débouché. Pékin tente, elle, de diversifier ses ressources.

Dans l’actu : le 2e jour de la visite de Xi Jinping en Russie.

  • Les deux dirigeants parleront économie. En effet, depuis l’établissement des sanctions, l’embargo sur le pétrole et le plafonnement des prix, la Chine est devenue une bouée de sauvetage pour la Russie. Sur les deux premiers mois de l’année 2023, les sanctions occidentales ont laissé Moscou avec un déficit de 34 milliards de dollars.
  • Le commerce bilatéral entre la Russie et la Chine a atteint 190 milliards de dollars en 2022. La Chine profite d’une énergie à bas prix : ses importations d’énergie sont passées de 52,8 milliards de dollars à 81,3 milliards de dollars. Rappelons que les ressources énergétiques représente 40% des recettes budgétaires du Kremlin.
  • La Russie est devenue le 2e fournisseur de pétrole et de charbon de la Chine. Elle est devenue le 1er fournisseur de gaz au mois de janvier.

La dépendance

La Russie n’a pas le choix : son rapprochement avec la Chine est un mariage de raison.

  • La dépendance de la Russie à la Chine, qui était déjà importante suite à l’établissement des premières sanctions lors de l’invasion de la Crimée en 2014, ne fait que se renforcer.
  • « Les sanctions ont exacerbé la relation déjà asymétrique entre la Russie et la Chine », a déclaré au Financial Times Maria Shagina, chercheuse à l’Institut international d’études stratégiques. « Il est difficile de dissimuler le fait que la Russie est désormais un partenaire de second rang. »
  • La Russie en est la première consciente : « La logique des événements veut que nous devenions une colonie chinoise de ressources », a déclaré une source proche du Kremlin.
  • De l’énergie contre de l’argent chinois – si possible en renminbi et plus en dollars. Pour cela, Xi Jinping et Vladimir Poutine vont parler du « Power of Siberia 2 », un 2e gazoduc qui relierait les deux pays. Il s’agit toutefois d’un projet à long terme, car les premières livraisons ne pourraient se faire avant 2030, selon les estimations de Gazprom. On parle de 50 milliards de m³ de gaz qui transiterait dans le pipeline par an, soit presque la même capacité que Nord Stream 2.
  • La dépendance à la Chine se ferait aussi au niveau des nouvelles technologies. Les importations de puces électroniques, d’équipements 5G et de machines industrielles lourdes font l’objet de sanctions occidentales, ce qui oblige Moscou à se tourner vers Pékin.
    • Selon Bruegel, un groupe de réflexion basé à Bruxelles, Moscou a importé pour 4,8 milliards de dollars de machines électroniques et de pièces détachées en provenance de Chine l’année dernière.
    • Cette dépendance est ici à sens unique, notamment pour les semi-conducteurs. Pour les pièces détachées et les machines industrielles, la Russie fait face à un autre problème : elles sont souvent de moindre qualité.

Conclusion : ne vous fiez pas à « l’amitié » déclarée entre les deux pays. La Chine a tout intérêt à profiter des ressources à bas prix de Moscou. La Russie n’a pas le choix que de compter sur la Chine pour déverser ses ressources énergétiques et importer du matériel à haute valeur technologique. La relation entre les deux pays est clairement disproportionnée : la Chine est en position de force.

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