La Russie est hors jeu. Vers quel marché émergent les investisseurs peuvent-ils se tourner?

La Russie est isolée, financièrement, de l’Occident et du reste du monde. Son économie approche de l’effondrement. Les investisseurs qui sont intéressés par les marchés émergents perdent une opportunité pour placer leur argent, mais d’autres solutions s’offrent à eux.

BRICS, l’acronyme des principaux marchés émergents, a perdu son « R ». Pendant des années, les marchés émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (BRICS) attiraient les investisseurs occidentaux, mais désormais certaines interactions financières avec la Russie sont proscrites, la bourse de Moscou reste fermée et les actions des sociétés russes cotées aux Etats-Unis sont bloquées et ont été enlevées de certains indices boursiers américains.

Mais concernant les indices et les fonds qui suivent les marchés émergents, la situation n’est pas encore très claire, explique Mychal Campos, responsable des investissements auprès de Betterment, à CNN. Il estime qu’il faut « voir et attendre ». Certains indices commencent déjà à exclure les actifs russes, les fonds devraient alors suivre.

En plus, la Russie n’est pas prête de revenir sur cet échiquier, du moins pas dans un avenir proche, explique Rahul Sen Sharma, d’Indxx, société spécialisée dans les indices boursiers, à CNN. « Les investisseurs accepteront-ils à nouveau la Russie ? S’il n’y a pas de liquidités, c’est un point discutable. Mais il est également difficile de croire que les gens vont se précipiter sur la Russie dans un avenir proche. »

Quels choix s’offrent alors aux investisseurs qui désirent continuer à miser sur les marchés émergents? D’abord, ajoute Eric Winograd, économiste auprès d’AllianceBernstein, il faut considérer chaque pays de manière individuelle. « Tous sont différents, il ne faut pas investir selon un acronyme », explique-t-il à CNN également.

Oublier les autres pays de BRICS?

Cela dit, l’écartement de la Russie pourrait être l’occasion de voir plus loin que les BRICS, ou « BICS » désormais. « Pour les BRICS, l’heure de gloire est passée », explique Eric Winograd.

Sen Sharma indique alors Taïwan ou la Corée du Sud comme des alternatives intéressantes. Il voit ainsi l’acronyme des principaux marchés émergents devenir TICKS (sans le Brésil donc). Contrairement à Winograd, il est un grand fan des acronymes.

Il continue sur cette voie et propose l’idée de MIST : Mexique, Indonésie, Corée du Sud, Turquie. Il ajoute que la Pologne et les Philippines l’intriquent également. Mais les marchés émergents européens, notamment la Pologne et d’autres pays d’Europe centrale et de l’est, peuvent être risqués, car ils sont géographiquement proches de l’Ukraine et du front.

Des entreprises plutôt que des pays?

Considérer un pays en tant que tel pour investir n’est-ce pas un peu généralisant? Pour Callie Cox, responsable auprès d’eToro, les investisseurs se tournent davantage vers des entreprises spécifiques dans des pays émergents que vers ces pays dans leur ensemble. « L’investisseur type considère les marchés émergents comme une catégorie d’actions. C’est une partie d’un portefeuille », explique-t-elle à CNN.

Tout de même, la situation géopolitique d’un pays entre également en compte. Selon elle, les investisseurs étaient cependant déjà sceptiques concernant les marchés russes, notamment depuis l’annexion de la Crimée en 2014. En attendant, ceux qui avaient encore un pied en Russie ne vont sans doute jamais revoir la couleur des sommes investies.

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