« La question n’est pas de savoir si elle part, mais quand » : le temps de Liz Truss au poste de Première ministre est compté

Malgré ses efforts pour réparer ses erreurs – avec notamment l’abolition du taux supérieur de 45 % de l’impôt sur le revenu et récemment l’annulation de sa mesure sur l’impôt sur les sociétés –, la Première ministre britannique Liz Truss fait face à des pressions qui pourraient lui coûter son poste. Même ses alliés l’avertissent qu’elle n’a que quelques jours pour renverser la vapeur.

Rien ne va (déjà) plus pour la Première ministre britannique Liz Truss. À peine plus d’un mois après son arrivée à ce poste, sa nomination est fortement remise en question. En cause, les mesures de son mini-budget qui ont du mal à passer. L’une d’entre elles est déjà passée à la trappe, suite à de fortes contestations. Et une autre, celle de ne pas augmenter le taux d’imposition des sociétés à 23%, comme le voulait le gouvernement précédent, vient de l’être également, en raison, cette fois encore, de nombreuses et fortes critiques. En parallèle de ce nouveau volte-face, la Première ministre a également remplacé son ministre des Finances, histoire de repartir sur de bonnes bases, mais ces changements pourraient ne pas suffire. La Première ministre britannique pourrait bien être poussée vers la porte avant la fin du mois.

Des réactions de marchés décisives

Les efforts de Liz Truss pour stabiliser le gouvernement pourraient en effet ne pas être suffisants. Du côté des conservateurs, la question n’est d’ailleurs pas de savoir si elle quittera son poste, mais plutôt quand elle le fera.

La réaction des marchés de ce lundi suite à la nomination de Jeremy Hunt au poste de Chancelier et à l’abandon de sa hausse prévue de l’impôt sur les sociétés sera décisive. Si les rendements de la livre se stabilisent, cela pourrait donner quelques jours de répit à la Première ministre, jusqu’au 31 octobre, date à laquelle un nouveau plan budgétaire à moyen terme devra être présenté, mais rien n’est moins sûr.

Le manque d’alternative, le vrai allié de Truss ?

Outre les efforts de la Première ministre pour sauver son poste – elle prévoit d’ailleurs de rencontrer ses ministres ce lundi pour tenter de renforcer leur soutien, ainsi que les conservateurs lors des prochains jours pour changer la vapeur –, son meilleur allié pourrait bien être l’absence d’alternative à son poste.

Un ancien responsable du parti conservateur a en effet déclaré que Truss pourrait rester en poste plusieurs semaines encore en raison de l’absence d’un successeur évident. « Je lui donne plus de temps que la plupart des autres parce qu’il n’y a pas d’alternative viable. Le 31 octobre est la clé », rapporte le Financial Times.

Reste que la réputation de prudence budgétaire du parti a fortement souffert de la décision que Truss a été contrainte d’abandonner. Si les marchés continuent de se retourner contre elle, le manque d’alternative pourrait ne pas suffire. « Il est très clair que nous avons perdu le pays et je ne vois pas comment nous pouvons le regagner », a notamment indiqué un député.

Deux possibilités

Il existe deux mécanismes pour que la Première ministre soit contrainte de démissionner. Le premier pourrait être enclenché par son cabinet, sauf qu’elle a nommé des ministres loyaux. Il y a donc peu de chance pour que cela se produise. Le second pourrait être enclenché par des députés conservateurs, même si elle est théoriquement protégée par les règles du comité de députés de 1922.

Dans tous les cas, la démission forcée de Liz Truss au poste de Premier ministre – cette dernière a déjà averti qu’elle ne comptait pas prendre la porte – pourrait ternir encore un peu plus l’image déjà abimée du Royaume-Uni, alors que le pays traverse une importante crise.

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