Hier, nous vous évoquions ces conditions très compliquées à dépasser pour envisager une prolongation du nucléaire au-delà de 2025. Le rapport de l’AFCN n’a pas fondamentalement changé la donne, il a juste conforté chacun dans sa position. Le rapport d’Elia sur la sécurité d’approvisionnement attendu pour le 18 mars prochain promet d’être décisif. Et de premiers indices montrent que les capacités alternatives pour compenser la sortie du nucléaire ne devraient pas poser trop de problèmes. Même si rien n’est simple dans ce dossier.
Dans l’actu: La Libre a mis la main sur un rapport intermédiaire d’Elia sur la sécurité d’approvisionnement.
- Il ressort qu’Elia est plutôt optimiste quant à la sécurité d’approvisionnement. Outre les batteries et une gestion de la demande, il est prévu de construire au moins deux centrales au gaz pour compenser la fermeture des 7 réacteurs nucléaires que compte notre pays.
- Pour rappel, lors de la première enchère, Engie était ressorti grand vainqueur. La multinationale française obtenait l’implémentation de deux centrales au gaz à Vilvorde, en Flandre, et aux Awirs, en Wallonie.
- Très vite, il est apparu que le dossier de la centrale de Vilvorde allait connaitre des complications. La N-VA et sa ministre flamande de l’Énergie, Zuhal Démir, ont mis des bâtons dans les roues du projet. Une suite logique pour un parti qui se bat pour la prolongation de l’atome. La centrale de Vilvorde ne respecterait pas les normes flamandes en termes de rejets d’ammoniac et d’azote. Le permis d’exploitation est refusé.
- C’est là qu’Elia intervient. Et dans son rapport intermédiaire, comme l’a toujours défendu la ministre fédérale de l’Énergie Tinne Van Der Straeten (Groen), il ne manque pas d’alternatives. Si Engie ne peut obtenir sa centrale à Vilvorde, d’autres projets sont évoqués à Seraing (Luminus), à Manage (Eneco) ou encore au groupe Tessenderlo.
- Mais une nouvelle enchère (CRM) serait nécessaire pour repêcher les projets qui n’ont pas remporté la mise lors de la précédente, et c’est là que ça se complique.
- D’abord, il n’est pas tout à fait clair si cette nouvelle enchère doit faire l’objet d’une approbation de la Commission européenne. Si tel devait être le cas, on perdrait un temps précieux. En cas d’échec à l’issue de l’enchère – même très improbable – il deviendra impossible d’enclencher le plan B, une prolongation du nucléaire.
- Ce repêchage nécessite une modification de la loi, mais Tinne Van Der Straeten pense savoir que ce changement n’impliquera pas une nouvelle approbation européenne. Ce n’est pas l’avis de plusieurs sources proches du dossier et citées par La Libre.
- Ensuite, il y a les potentiels recours. Le recours d’Engie qui verrait son projet à Vilvorde refouler – une deuxième demande de permis d’exploitation a été envoyée, en corrigeant les émissions d’ammoniac et d’azote. La députation permanente du Brabant flamand devra se prononcer le 15 mars, et la décision devra ensuite être avalisée par la ministre Demir. Là encore, le timing est très serré.
- Certaines sources évoquent aussi des recours de candidats de la précédente enchère qui n’aurait sans doute pas fait la même offre s’ils avaient su qu’il y aurait une séance de repêchage. Tiré par les cheveux ? On peut imaginer un recours d’Eneco si Luminus est par exemple repêché.
- Mais on est bien sûr ici dans le scénario du pire (pour la sortie du nucléaire). Le plan B comporte des contraintes encore plus lourdes.
- Tinne Van Der Straeten défend une stratégie qu’elle a précisée hier à la Chambre. Selon la ministre, la prolongation des deux réacteurs nucléaires – Doel 4 et Tihange 3 – ne suffirait pas à assurer la sécurité d’approvisionnement. Et Elia la suit dans cette option. Les deux défendent qu’il sera de toute façon nécessaire de subsidier de nouvelles capacités via un CRM.
- Et dans ce cas de figure, cette nouvelle enchère-là devra être avalisée par l’Europe, car une prolongation du nucléaire modifiera le calendrier de sortie. On gagnera donc deux réacteurs nucléaires, mais on perdra les capacités alternatives issues de la précédente enchère, devant en relancer une nouvelle.
- Or ce processus prendra du temps. Et même l’AFCN, qui dit qu’une prolongation n’est techniquement pas impossible, estime qu’une décision devra être prise quoi qu’il arrive pour ce 18 mars au plus tard, « un travail colossal de préparation » devant être abattu pour envisager une prolongation au-delà de 2025. Les délais deviendraient impossibles à tenir comme mentionné plus haut.
- Dans tous les cas, les deux contraintes les plus importantes resteraient sur le chemin d’une prolongation: convaincre Engie de relancer le projet nucléaire. L’exploitant affirme depuis des mois que c’est impossible. Le faire changer d’avis engendrerait des coûts très importants certainement à charge de notre pays. On sera clairement en position de faiblesse.
- Et puis il y a la contrainte politique: il n’y a pas de majorité pour défendre la prolongation du nucléaire. Si l’approvisionnement est suffisant, l’accord de gouvernement sera respecté. Les Verts pourront enfin brandir leur trophée.
Local: une défaite symbolique pour Ecolo à Ottignies… au profit du MR.
- « Tellement fier et heureux de nos élus locaux à Ottignies-Louvain-la-Neuve qui permettent au MR d’accéder à un mayorat de plus, confirmant la première position du MR en Wallonie dans ce domaine. Et dans une commune universitaire de savoir, de progrès! ».
- La réaction du président du MR, Georges-Louis Bouchez, en dit long sur ce symbole politique à l’échelle communale. Le MR corrige une sorte d’anomalie dans un Brabant wallon acquis à sa cause: après 21 ans de règne, Ecolo est éjecté de la majorité de la cité universitaire par le cdH et le PS au profit des libéraux.
- Le climat devenait pesant au sein de la majorité. Et ça ne date pas d’hier. Pour preuve, un incident somme toute assez banal entre un échevin cdH et un échevin Ecolo à qui il reprochait de ne pas assez respecter l’UCLouvain.
- Un prétexte face à une attitude jugée arrogante depuis un certain temps de la part des Verts, pas assez attentifs aux projets de leurs partenaires.
- Du côté d’Ecolo, c’est la surprise et la sidération pour la bourgmestre Julie Chantry. On dénonce une manoeuvre politico-politicienne. C’est le MR qui en profite et intègre la majorité fort de ses 9 sièges (contre 7 pour le cdH et 3 pour le PS). Les libéraux vont placer Nicolas Van der Maren (38 ans) comme bourgmestre.
- Voilà qui alimentera encore davantage l’opposition de tous les instants entre Ecolo et le MR.
La guerre des clans au MR: c’est quitte ou double pour Ducarme.
- Après son interview dans laquelle il proposait une ligne plus sociale pour son parti – qui serait incarnée par lui ou un autre candidat à l’issue du mandat de Georges-Louis Bouchez – Denis Ducarme compte préparer « un manifeste d’humanisme libéral », explique Le Soir.
- Une fronde au sein du MR ? Non, défend-il, simplement le besoin de défendre une autre ligne politique que celle du président Bouchez, jugée plus conservatrice. Il est vrai que le MR a toujours été traversé par plusieurs courants de pensée, mêlant guerre des clans à des périodes plus unitaires. Denis Ducarme cite parmi ses proches Caroline Taquin, Nicolas Tzanetatos ou encore Christine Defraigne. Mais cette dernière, qui a toujours été en faveur d’une ligne de droite humaniste, n’y croit pas trop.
- Il faut comprendre par là que petit à petit, Bouchez a fait son trou. Son pouvoir au sein du MR n’a jamais été aussi assis. La preuve ultime est sans doute la démission d’un poids lourd comme Jean-Luc Crucke. Ce dernier ne se reconnaissait plus du tout dans la ligne du parti incarnée par Bouchez. « Les déclarations de Georges-Louis sur Zemmour ont été la goutte qui a fait déborder le vase », explique l’ancien ministre wallon du Budget ce mercredi dans Sud Presse. Plutôt que de rallier à lui un groupe de sympathisants, Crucke s’est mis hors-jeu.
- Le temps des 11 belles-mères de Bouchez est bien loin. En fait, il n’a jamais existé dans la pratique. Car la ligne de Bouchez, malgré un style qui dérange parfois, est avalisée par les pontes du parti. Charles Michel, bien sûr, avec qui il dialogue souvent, Sophie Wilmès, Pierre-Yves Jeholet ou dernièrement Willy Borsus.
- Certains au sein du MR voient la tentative de Ducarme davantage comme une vengeance ou de l’opportunisme pour celui qui a perdu la course à la présidence et qui n’a pas obtenu de poste de ministre. Dans La Libre, un libéral estime que lier une sensibilité de gauche à Ducarme, « c’est à pleurer de rire ». Certes Ducarme a cette image populaire, mais en matière de sécurité ou de migration, il n’a jamais incarné une ligne progressiste.
- Pour celui qui a défié plusieurs fois son président ouvertement dans la presse, c’est quitte ou double. Soit il parvient à détroner Bouchez, soit il peut déjà se préparer à ne plus assumer aucune responsabilité.
Bientôt repéré dans la rue de la Loi : Jean-Claude Van Damme.
- On l’a annoncé dans l’administration de la Chambre : ce printemps, le Palais de la Nation (le bâtiment qui abrite la Chambre et le Sénat) pourrait être le décor d’un tournage d’une série. C’est Jean-Claude Van Damme, le héros des films d’action hollywoodiens, qui descendra peut-être dans l’arène. Les dates de tournage sont prévues pour mai et juin.
- Toutefois, cela ne concernerait que les enregistrements à l’extérieur de l’hémicycle. La Chambre doit encore se prononcer sur le dossier.
- JCVD jouerait le rôle d’un… politicien belge. The Muscles from Brussels devrait grimper les échellons jusqu’à la place de Premier ministre dans cette série qui ne s’appelle pas par hasard « J-C the 1st ». La série sera tournée pour la chaîne française Canal+ et est écrite par Willem Wallyn, qui a également réalisé la série De Zestien (sur les hauts et les bas du cabinet d’un vice-premier ministre belge qui veut la première place). Une série flamande qui date de 2016 mais qui est actuellement diffusée sur la RTBF.
- Les détails de l’histoire ne sont pas encore connus. Van Damme devra-t-il matter l’opposition à coup de high kick ? La série devrait plutôt le placer dans le rôle de « larbin » à qui on a octroyé le Seize.
- Mais les politiciens derrière ce plan ont mal perçu le héros, qui se révèle étonnamment être un leader charismatique, et va ainsi sauver son pays. Non sans avoir, bien sûr, en cours de route, terminé quelques scènes de combat.