La pollution engendre une hausse dramatique des décès liés au covid-19, affirme une nouvelle étude

Une récente étude américaine montre que la pollution de l’air aux particules fines influence fortement à la hausse le taux de mortalité dans les infections au covid-19. Elle arrive au même constat que deux études précédente.

La théorie selon laquelle la pollution de l’air aurait une influence sur la virulence de l’épidémie de nouveau coronavirus n’est pas neuve. Le mois dernier déjà, une étude publiée dans la revue New England Journal of Medecine confirmait que le virus SRAS-Cov-2 peut survivre plus longtemps dans l’air si celui-ci est chargé en particules fines.

En Italie, des chercheurs ont observé une corrélation entre la propagation du covid-19 dans leur pays et le niveau de particules fines en fonction des régions, la Lombardie étant une zone fortement industrialisée et l’épicentre de l’épidémie dans la péninsule. Ces constatations demandaient cependant confirmation.

Et dès 2003, un lien avait pu être établi entre pollution et risque de décès lors de l’épidémie de SRAS.

Petite hausse, grands effets

Une nouvelle étude, menée par des chercheurs de la Harvard TH Chan School of Public Health de Boston, a analysé la pollution de l’air et les décès dus au covid-19 jusqu’au 4 avril dans 3.000 comtés américains, couvrant 98% de la population. Ses résultats sont pour le moins inquiétants.

Il était déjà connu qu’une faible hausse de l’exposition à la pollution aux particules fines pendant plusieurs années augmentait le risque de décès toutes causes confondues. Ces nouveaux travaux montrent désormais une augmentation dramatique des décès liés au covid-19, dont la conséquence la plus grave peut être un syndrome de détresse respiratoire aiguë pouvant entraîner la mort.

Même une minuscule augmentation du niveau de pollution aux particules fines dans les années antérieures à la pandémie est associée par l’étude à une hausse significative du taux de mortalité. ‘Nous avons constaté qu’une augmentation de seulement 1μg/m3 des PM2,5 (particules fines, NDLR) est associée à une augmentation de 15% du taux de mortalité par covid-19’, résume l’équipe américaine dans le quotidien britannique The Guardian.

‘Un air plus pur contribuerait à réduire le nombre de décès’

Ainsi, un air légèrement plus pur à Manhattan ces dernières années aurait probablement pu sauver la vie de centaines de personnes, pointent les chercheurs.

‘Les résultats sont statistiquement significatifs et robustes’, assurent-ils par ailleurs. L’étude a en effet pris en compte de multiples facteurs comme la pauvreté, le tabagisme, l’obésité, le nombre de tests effectués, les lits d’hôpitaux disponibles, etc.

Les scientifiques américains en concluent que les zones où les niveaux de pollution atmosphérique sont élevés devraient prendre des précautions supplémentaires pour ralentir la propagation du virus et déployer des ressources supplémentaires pour faire face à l’épidémie. Ils estiment qu’assurer un air plus pur à l’avenir contribuerait à réduire le nombre de décès dus au covid-19.

L’étude devrait être très prochainement publiée dans une grande revue médicale.

‘La pollution aux particules fines va repartir à la hausse’

Toujours dans The Guardian, le professeur Jonathan Griggs, de l’université Queen Mary de Londres, juge que si l’étude américaine est méthodologiquement solide et plausible, elle comporte cependant certaines limites, comme le tabagisme qui n’a pas été mesuré au niveau individuel, dit-il.

‘Il est clair que nous avons besoin de toute urgence de plus d’études, car la pollution aux particules fines va repartir à la hausse une fois que les mesures de confinement seront assouplies’, prévient-il.

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