Il y a quelques semaines, nous vous annoncions qu’une pénurie de pompes à chaleur – et de personnes habilitées à en installer – guettait l’Europe. Une menace qui est désormais en train de se matérialiser. Les panneaux solaires ne sont, eux non plus, pas épargnés.
Pour affronter la flambée des prix des énergies fossiles (et pour s’affranchir de la dépendance à l’égard de la Russie), nombre d’Européens tentent de trouver des alternatives susceptibles de faire baisser la note. Beaucoup misent sur la même solution: les pompes à chaleur. Et les autorités y ajoutent leur grain de sel, modifiant leurs subventions, ce qui fait grimper encore un peu plus la demande.
En République tchèque, cette explosion de la demande débouche sur ce qui était craint depuis plusieurs semaines: une pénurie. Tant de matériaux que de bras. Les entreprises locales – qui doivent, en plus, faire face aux perturbations sur la chaîne d’approvisionnement – ne parviennent plus à faire face à la pression sur le marché, rapporte Euractiv.
« Annuler le soutien aux chaudières à gaz et, au contraire, augmenter la subvention pour les pompes à chaleur ne résout pas la situation. Le résultat est que les gens répondent par une demande massive d’énergies renouvelables, alors que le marché de l’offre n’est pas préparé à une telle augmentation », a déploré Luděk Lošťák, propriétaire de Zero living, une entreprise qui installe des pompes et des panneaux photovoltaïques.
Car oui, il n’y a pas que les pompes à chaleur qui sont concernées par cette pénurie. Les panneaux solaires, via lesquels les consommateurs espèrent faire quelques économies, sont également touchés.
L’Europe centrale particulièrement mal embarquée
Si ces pénuries concernent actuellement la République tchèque, la Slovaquie voisine s’attend à ce que ça lui tombe dessus également. Car les producteurs auraient davantage intérêt à se concentrer sur les marchés d’Europe occidentale, plus lucratifs. En tout cas pour les pompes à chaleur.
« Le plus grand obstacle pour la Slovaquie ou la République tchèque est l’intensité d’investissement élevée de la technologie », explique Richard Paksi, du groupe d’intérêt slovaque Buildings for Future. »Dans les pays occidentaux, les ménages n’ont pas de problème à payer pour une pompe à chaleur. Les subventions actuelles du programme ‘Ménages verts’ (slovaque), qui offrent un maximum de 3.400 €, sont insuffisantes, car le prix des systèmes à haute température comme les pompes à chaleur est d’environ 15.000 € », ajoute M. Paksi.
S’il estime que la menace d’une pénurie de panneaux photovoltaïques en Slovaquie semble plus éloignée, elle ne doit toutefois pas être exclue. En raison des problèmes de transport depuis la Chine, et d’un manque de main d’œuvre, là aussi. « Avec l’augmentation significative de l’intérêt pour l’installation de ces sources, le besoin de main-d’œuvre qualifiée va également augmenter. Les États membres occidentaux connaissent déjà une pénurie croissante et, en Slovaquie, nous ne sommes pas non plus préparés à cette situation », conclut-il.
Notons enfin que ces pénuries locales sont peut-être le reflet de ce qui attend l’Europe dans les années à venir. Pas plus tard que la semaine dernière, l’association européenne des producteurs et des recycleurs de métaux a tiré la sonnette d’alarme. Selon elle, l’approvisionnement en métaux ne sera pas suffisant pour assurer la transition énergétique (voitures électriques, rotors d’éoliennes, panneaux solaires, unités de stockage, etc) d’ici à 2030. Les industries européennes n’auront alors plus qu’un choix: dépendre d’un petit nombre de pays et payer le prix fort.