Les sanctions occidentales infligées à la Russie en réaction à son invasion de l’Ukraine ont porté un coup dur à son économie, sans pour autant parvenir à mettre fin à la guerre. Ces sanctions n’ont en réalité pas réussi à ébranler l’une des principales sources de revenus du pays : l’exportation de combustibles fossiles. Pire, les revenus ont doublé depuis le début de la guerre.
La raison à cela est très simple : la flambée des prix de l’énergie profite aux exportateurs. Or, plus de 40% du gaz, près de 37% du pétrole et environ 19% du charbon exportés vers l’Europe proviennent de Russie. Les revenus des exportations de combustibles fossiles russes pnt presque doublé depuis le début de la guerre, et ce, malgré le fait que les volumes aient diminué. On parle de 700 à 800 millions d’euros par jour.
Au cours de deux derniers mois, la Russie a reçu environ 62 milliards d’euros d’exportations de pétrole, de gaz et de charbon, selon une analyse des mouvements maritimes et des cargaisons par le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA).
L’UE a été à l’origine de 44 milliards d’euros de ces exportations, soit environ 22 milliards par mois. Une hausse de 10 milliards de dollars par rapport à la moyenne mensuelle de l’année dernière. Le coût des exportations d’énergies russes vers l’UE a donc presque doublé.
Des chiffres qui démontrent que la Russie a continué à bénéficier de sa mainmise sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe, malgré les sanctions occidentales et la volonté des gouvernements d’empêcher Moscou d’utiliser le pétrole et le gaz comme arme économique, souligne The Guardian.
Pressions pour un embargo européen énergétique
Le fait est que pour réellement paralyser l’économie russe et ainsi forcer Vladimir Poutine à mettre un terme à la guerre, les principaux clients des exportations de combustibles fossiles russes doivent stopper leurs affaires avec la Russie.
Écrasé par les sanctions et sans revenus provenant des exportations de pétrole, gaz et charbon, Moscou se retrouvera rapidement à sec, en raison du lien très étroit qui unit l’État avec les principales entreprises exportatrices d’énergies.
C’est pourquoi un embargo est souhaité par de nombreux pays européens, et ce, malgré les répercussions que cela pourrait avoir sur les prix de l’énergie pour les citoyens, mais l’Allemagne, particulièrement dépendante de la Russie à ce niveau, s’est vivement opposée à cette solution. Ce n’est que très récemment que Berlin s’est finalement montrée ouverte à l’idée d’un embargo, mais uniquement sur le pétrole.
« Les exportations de combustibles fossiles sont un catalyseur clé du régime de Poutine et de nombreux autres États voyous », a déclaré Lauri Myllyvirta, analyste principal pour CREA. « La poursuite des importations d’énergie est la principale lacune des sanctions imposées à la Russie. Tous ceux qui achètent ces combustibles fossiles sont complices des horribles violations du droit international commises par l’armée russe. »
La Russie a déjà utilisé la dépendance de l’Europe envers ses énergies fossiles pour tenter de renverser la tendance: Moscou a en effet bloqué ses exportations énergétiques vers la Pologne et la Bulgarie, car les pays ne voulaient pas céder aux exigences russes de payer en roubles. La Russie tente de diviser les capitales européennes et y parvient dans une certaine mesure.