La solidarité européenne craque: quatre clients européens décident de payer le gaz russe en roubles

La menace de l’autocrate russe Vladimir Poutine de ne pas fournir de gaz aux pays « ennemis » s’ils ne paientpas en roubles ne semble semble faire de l’effet. L’agence de presse Bloomberg a rapporté hier qu’au moins quatre clients européens ont payé leurs fournitures de gaz russe en roubles.

Dans une interview accordée à la chaîne d’information américaine CNN, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a confirmé que la Hongrie en fait partie.

Quatre acheteurs européens ont déjà payé leurs livraisons de gaz en roubles, comme l’avait exigé M. Poutine, selon une source proche du géant gazier russe Gazprom. Cette demande comprend l’ouverture de deux comptes pour les achats de gaz à la banque de la compagnie gazière russe Gazprom en Suisse : un en euros et l’autre en roubles. Dans le cadre de cet accord, Gazprombank est chargée de convertir la devise et de transférer le paiement en roubles.

Une nation, quant à elle, a rendu publique sa volonté de répondre aux exigences russes : la Hongrie. « Ce n’est pas par plaisir, nous n’avons pas choisi cette situation », a justifié le ministre des Affaires étrangères, soulignant qu’en raison des infrastructures existantes, il ne voyait « aucune alternative ». La Hongrie achète 85 % de son gaz et 65 % de son pétrole à l’agresseur de l’Ukraine.

Dix entreprises européennes ont déjà ouvert les comptes requis auprès de Gazprombank. L’une d’entre elles est le fournisseur d’électricité allemand Uniper. « Le plan consiste à effectuer nos paiements en euros sur un compte en Russie », a déclaré un porte-parole de la société au journal Rheinische Post.

Les distributeurs de gaz en Slovaquie et en Autriche – dont OMV, basé à Vienne – se prépareraient également à ouvrir des comptes en roubles auprès de l’institution financière russe, selon des sources du Financial Times. En outre, la société italienne Eni serait en train de reconsidérer ses options, selon le journal économique.

Chantage

Après que l’Union européenne a imposé des sanctions à la Russie pour son invasion de l’Ukraine, Moscou a exigé d’être payé en roubles pour ses fournitures de gaz à partir du 1er avril. Mais l’UE considère que le mécanisme à deux comptes proposé par le Kremlin est contraire aux mesures punitives.

La fermeture du robinet de gaz, cependant, ne s’est pas avérée être une menace vide de la part du régime russe. Les livraisons de gaz de la Pologne et de la Bulgarie ont été interrompues hier, après leur refus de passer par la Gazprombank.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dénonce le « chantage » de la Russie: « 97 % des contrats stipulent explicitement que les paiements se font en euros ou en dollars ». L’Allemande menace les entreprises européennes qui contourneraient les sanctions: « Cela serait hautement risqué » pour elles.

La Russie fournit du gaz par gazoducs à 23 pays européens, pour l’équivalent de 45% des importations européennes.

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