Mardi, la France réagissait encore avec enthousiasme aux responsabilités attribuées à son candidat commissaire européen Stéphane Séjourné, suite à la démission de Thierry Breton. Après une nuit de réflexion, l’enthousiasme s’est transformé. Des diplomates français ont exprimé mercredi leur déception, estimant que la France aurait pu obtenir davantage.

Points clés :

• Des diplomates français estiment que la stratégie d’Emmanuel Macron n’a pas fonctionné. Selon eux, la France hérite d’un portefeuille européen faible.
• Le nouveau commissaire européen Stéphane Séjourné a moins de responsabilités que son prédécesseur Thierry Breton, bien que d’autres jugent la situation moins grave.
• La faute est attribuée au président Macron, qui n’a pas pu exercer suffisamment de pression en raison de sa défaite électorale.

Dans l’actu : Stéphane Séjourné s’est vu confier la vice-présidence et le portefeuille de la Prospérité et de la Stratégie Industrielle. Les Français jugent cela insuffisant.

• Selon des diplomates, le fait qu’ils n’aient pas pu convaincre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de maintenir Thierry Breton en tant que candidat montre une « perte d’influence française », a déclaré une source à Politico. Breton est parti furieux après que von der Leyen a expliqué à Macron que s’il changeait de candidat, la France obtiendrait un meilleur portefeuille.
  • La relation entre Breton et von der Leyen était complètement détériorée. Macron a donc remplacé Breton par Séjourné.
  • Néanmoins, les Français restent mécontents. « Le véritable problème, c’est que nous n’avons pas pu obtenir la garantie d’un portefeuille important », dit-on.
• Séjourné conservera une influence financière puisqu’il pourra participer à la décision des entreprises bénéficiant de subventions européennes via les Projets Importants d’Intérêt Européen Commun. Cependant, son influence sera moindre que celle de Breton en tant que Commissaire au Marché Intérieur. Séjourné aura probablement un rôle de coordination plutôt qu’un rôle décisionnel.
• Alors que Macron avait fortement fait pression il y a cinq ans pour que Breton obtienne un rôle clé dans les domaines de la technologie et de la défense, cette fois-ci, il a échoué. Cela pourrait être lié à la position politique affaiblie de Macron après la défaite de son parti libéral face à l’extrême droite aux élections européennes, réduisant l’influence que von der Leyen lui accorde. En revanche, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, semble bénéficier d’un traitement plus favorable de la part de von der Leyen, qui cherche à conserver son amitié.

« La France est devenue fragile »

Les détails : Certains voient la situation de manière positive, d’autres beaucoup moins.

• Le pouvoir d’un commissaire européen se mesure souvent par le nombre de directions générales qu’il contrôle. Breton en dirigeait trois, Séjourné n’en supervise qu’une seule.
• Cependant, comme quatre commissaires différents devront rendre compte à Séjourné, certains estiment que la France obtient toujours une influence suffisante. « Oui, nous avons moins de directions que la dernière fois », dit un diplomate, mais il est impossible de diriger à la fois un cluster et de conserver autant de directions générales. « Nous avons réuni tous les outils pour renforcer la compétitivité », explique-t-il. « Certains disent que nous avons perdu, moi je dis que nous avons gagné. »
• D’autres hommes politiques français ont une opinion bien différente. Le député européen conservateur François-Xavier Bellamy blâme Macron. « La France, sous Macron, est devenue un pays qui parle beaucoup mais fait peu », a-t-il déclaré à BFMTV.
• « Cette France est fragile à cause de sa propre crise interne, et c’est pour cela que la France a tant de mal à se faire entendre en Europe. Cela contribue à une plus grande instabilité », a conclu Bellamy.