‘La France n’attend plus rien de l’Allemagne’

Le weekend dernier se tenait la Conférence annuelle sur la Sécurité de Munich, en Allemagne. Il s’agit de la plus grande réunion politique de l’année en matière de sécurité. Plus de 500 chefs d’État, chefs de gouvernement, ministres et représentants d’ONG, de médias et d’universités y ont adhéré. On y a discuté des défis actuels et futurs en matière de… sécurité. Les participants venaient d’Europe, des États-Unis, de Russie, de Chine et du Moyen-Orient.

Cette année, l’organisation a voulu savoir ‘comment les participants pensent pouvoir contrer la perte continue de l’influence occidentale sur la scène mondiale’. Une allusion claire au retrait des États-Unis sur la scène mondiale. Mais aussi au Brexit et mouvements populistes et nationalistes en Europe, qui font le jeu d’acteurs tels que la Chine et la Russie, mais aussi la Turquie.

Mais avant cela, la conférence semblait plutôt être une occasion de régler des comptes. La France et l’Allemagne, en particulier, ont avancé des propositions qui ne pourraient pas être plus éloignées l’une de l’autre.

La chancelière allemande Angela Merkel a notamment été la protagoniste de nombreuses controverses. Ses promesses de jouer un rôle plus important au niveau international sont restées lettre morte à ce jour. Et les critiques à ce sujet peuvent désormais être entendues dans son entourage immédiat. Armin Laschet, un des favoris pour assumer la présidence de la CDU et de la Chancellerie, a clairement pris ses distances avec la femme qu’il a continué à soutenir jusqu’à présent. ‘Le président français fait des propositions et nous avons besoin de trop de temps pour formuler une réponse’, a déclaré Laschet.

Armin Laschet (Tobias Hase/Picture Alliance/ISOPIX)

Macron prépare l’ère post-Merkel

Au cours des deux dernières années, Merkel a gentiment torpillé toute initiative du président français Macron visant à relancer l’intégration communautaire. Selon Radio France Internationale (RFI), la France a encore peu à attendre d’une ‘Allemagne paralysée, vieillissante et conservatrice’. Ce qui a incité Macron à exprimer son impatience. Le président français a profité de l’occasion pour s’entretenir avec des représentants des écologistes allemands et des parlementaires du Bundestag, ‘préparant clairement l’après-Merkel’.

Paris et Berlin ont formulé des critiques similaires sur la politique étrangère des États-Unis. Ils déplorent la tendance américaine à se retirer un peu partout dans le monde sous l’impulsion de Donald Trump.

Selon Washington, l’Occident est en train de gagner

Le ministre des affaires étrangères Pompeo n’était pourtant pas d’accord avec cette critique. Selon lui, l’Occident est même en train de gagner. Mais peu de gens sont d’accord avec cette affirmation. Pour beaucoup, l’expression ‘un monde sans occident’ gagne progressivement en popularité, en particulier en Eurasie. Elle décrit ainsi comment des pays entiers prennent leurs distances par rapport aux structures mondiales autrefois contrôlées par l’Occident. Pour ces pays, l’Occident est progressivement remplacé par un ordre mondial multipolaire.

Mike Pompeo (Andrew Caballero-Reynolds/Pool Photo via AP)

Cependant, même les États-Unis n’ont pas épargné leurs critiques à l’égard de l’Europe. Une fois de plus, Pompeo a souligné le danger du géant chinois des télécommunications Huawei et de la technologie 5G, qui pourrait désormais être mise en œuvre dans d’autres pays européens en plus de la Grande-Bretagne. Il a également critiqué la dépendance européenne vis-à-vis de Moscou et du nouveau projet Nordstream II.

La plupart des participants étaient en tout cas un peu mal à l’aise face aux différences d’opinions croissantes entre les différents blocs de pouvoir. La vision de Macron reste celle d’une ‘Europe capable de se défendre’. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a accepté l’invitation à poursuivre le dialogue. Mais il reste encore beaucoup à faire pour réaliser la vision de Macron.

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