À Paris, on veut ériger des barrières commerciales contre les généreuses subventions accordées par la Chine aux fabricants de voitures électriques, mais l’Europe a de mauvais souvenirs du protectionnisme à l’égard de la Chine.
La France exhorte l’UE d’enfin se rebiffer contre la Chine et ses subventions aux voitures électriques

Pourquoi est-ce important ?
Le bloc commercial européen tente depuis des années d'adopter une position plus affirmée face à la superpuissance asiatique. Mais par le passé, la Chine a toujours réagi avec véhémence lorsque l'Europe s'est montrée ferme sur le commerce et ses règles, si bien que Bruxelles se montre prudente pour ne pas jouer toutes ses cartes.Dans l’actualité : La France fait pression sur la Commission européenne pour qu’elle réagisse face aux « avantages déloyaux de la Chine », rapporte Politico.
Les inquiétudes de la France portent sur les généreuses subventions dont bénéficient les constructeurs automobiles chinois, qui leur permettent de commercialiser leurs véhicules à un prix beaucoup plus bas.
- L’envergure de la Chine pourrait lui permettre d’inonder le marché des véhicules électriques à un rythme que les Européens ne pourront pas suivre. Grâce aux subventions, la vitesse de production et le prix des voitures chinoises seraient plus intéressants.
- C’est pourquoi la France propose certaines mesures, comme des droits de douane à l’importation sur les voitures chinoises ce qui rendra le prix légèrement plus cher pour les consommateurs et le rapprochera du prix des voitures produites dans ses propres usines.
- Deux hauts fonctionnaires ont déclaré à Politico que la Commission européenne discutait de la possibilité pour Bruxelles d’introduire des droits supplémentaires, sous la forme de droits antidumping et antisubventions, sur les voitures en question. Le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, a déclaré qu’il était « tout à fait favorable au lancement de l’enquête sur le dumping dès que possible ».
Flashbacks
- L’idée de barrières commerciales a un goût amer dans la bouche de la Commission européenne. Il y a une dizaine d’années, en 2012 et 2013, l’UE a également tenté d’introduire des droits de douane antidumping et antisubventions sur les panneaux solaires et les équipements de télécommunications.
- Cela n’a pas plu à Pékin et a failli déclencher une guerre commerciale. Mais le marché des véhicules électriques est politiquement important en raison des engagements de l’UE en matière de climat. Le président français Emmanuel Macron prévient que l’Europe ne doit pas commettre les mêmes erreurs avec les voitures qu’avec les panneaux solaires. Mais il est également dangereux d’exercer une pression trop forte sur la Chine.
- Lorsque l’UE a décidé d’introduire des sanctions en raison du travail forcé des Ouïghours et des violations des droits de l’homme, Pékin s’est indigné. La Chine a introduit des contre-sanctions, contre des universitaires et des hommes politiques, ce qui a failli faire échouer un accord d’investissement avec l’UE. Si l’Europe va trop loin, les exportateurs et les entreprises européennes opérant en Chine risquent de se retrouver dans l’embarras.
Pas seulement les voitures
- Les inquiétudes concernant les règles commerciales, et la mesure dans laquelle elles sont à la hauteur, ne se limitent pas aux voitures électriques. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, souhaite également ajuster les choses dans le secteur pharmaceutique.
- La politique « Buy China » a partiellement exclu le marché européen des produits pharmaceutiques du marché chinois. Par ailleurs, l’Europe examine également de près le secteur ferroviaire.
- Le 20 juin, Mme von der Leyen proposera une « nouvelle stratégie économique » pour l’Europe, qui pourrait pousser l’ouverture de la politique commerciale européenne dans le coin défensif du protectionnisme.
(JM)