La Finlande prête à demander son adhésion à l’OTAN « sans délai », faisant doubler la frontière terrestre entre la Russie et l’Alliance

Deux mois et demi après le début de la guerre en Ukraine, la Finlande a pris sa décision: elle veut rejoindre l’OTAN.

Comme l’Ukraine, la Finlande n’est pour l’instant que pays « partenaire » de l’OTAN. La tentative d’invasion menée par la Russie lui a fait craindre le pire. Pour assurer ses arrières, Helsinki réfléchit donc depuis fin février à rejoindre l’Alliance.

Ce jeudi, dans une déclaration commune, le président Sauli Niinisto et la Première ministre Sanna Marin ont annoncé que leur décision était prise. Pour eux, la Finlande doit demander son adhésion à l’OTAN « sans délai ». Ils disent espérer que « les mesures nationales encore nécessaires pour prendre cette décision seront prises rapidement dans les prochains jours ». Le gouvernement débattra de la question ce week-end, le parlement pourrait donner son approbation finale dans la foulée.

« L’adhésion [de la Finlande] à l’OTAN renforcerait la sécurité [du pays] » et renforcerait à son tour « l’ensemble de l’alliance de défense », ont ajouté les plus hauts responsables politiques finlandais.

Une décision qui risque de fâcher la Russie

Neutre sur le plan militaire depuis des décennies, la Finlande partage une frontière de 1340 kilomètres avec la Russie. Cette dernière, qui s’oppose depuis des années à l’élargissement de l’OTAN – surtout sur son flanc est – ne sera évidemment pas ravie de cette probable adhésion. Si la Finlande intègre l’Alliance, la frontière terrestre de la Russie avec l’OTAN (qui existe déjà via la Pologne, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie et la Norvège) fera plus que doubler.

En mars, le ministère russe des Affaires étrangères avait déclaré qu’il y aurait de « graves conséquences militaires et politiques » en cas d’adhésion de la Finlande à l’OTAN.

A la mi-avril, l’ancien président russe et actuel vice-président du Conseil de sécurité Dmitri Medvedev avait eu des mots tout aussi forts. « Naturellement, nous devrons renforcer ces frontières, en consolidant les défenses terrestres, aériennes et navales dans la région », avait-il déclaré, n’hésitant pas à brandir la menace nucléaire. « Il ne pourrait plus être question d’un statut de zone dénucléarisée pour la Baltique : l’équilibre doit être rétabli », avait-il ajouté. Medvedev avait aussi expliqué que la Finlande deviendrait de facto un de ses « opposants officiellement enregistrés ».

Les membres de l’OTAN accueillent la Finlande à bras ouverts

L’annonce du président et de la Première ministre de la Finlande a été chaleureusement accueillie par une bonne partie des membres de l’OTAN.

« La Finlande a décidé de rejoindre l’Alliance. L’OTAN va devenir plus forte. Les pays baltes vont devenir plus sûrs », a notamment commenté le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis. « Le Danemark fera tout pour un processus d’admission rapide après la demande officielle », a quant à elle déclaré la Première ministre danoise Mette Frederiksen.

Parmi les poids lourds de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne se sont déjà eux aussi prononcés en faveur de l’adhésion finlandaise.

A priori, un seul pays membre pourrait se montrer récalcitrant: la Croatie. Depuis quelques semaines, son président, Zoran Milanovic, annonce vouloir s’y opposer tant que la Bosnie-Herzégovine ne change pas sa loi électorale. Mais ni le gouvernement, ni le parlement, ni l’ambassadeur à l’OTAN de la Croatie ne semblent prêts à le suivre.

Notons enfin que la Suède projette elle aussi de demander son adhésion à l’OTAN. Une décision devrait tomber dans les prochains jours.

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