La Food and Drug Administration (FDA) américaine a révoqué l’autorisation d’utiliser en urgence la chloroquine et l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19. Une décision qui a rapidement fait réagir le président Donald Trump, ardent défenseur (et utilisateur) de cette substance très controversée dans la lutte contre le nouveau coronavirus.
‘Il n’est plus raisonnable de croire que l’administration par voie orale d’hydroxychloroquine et de chloroquine soit efficace dans le traitement du Covid-19’, a estimé lundi la FDA, sur base de nouvelles preuves à sa disposition. ‘Il n’est pas non plus raisonnable de croire que les bénéfices connus et potentiels de ces produits dépassent leur risque connu et potentiel’, a-t-elle ajouté. La FDA avait autorisé son utilisation en urgence contre le Covid-19 au mois de mars.
La FDA précise encore que des études en laboratoire ont montré que la chloroquine interférait avec l’antiviral remdesivir, seul médicament à ce jour à avoir démontré un bénéfice contre le Covid-19 par des essais cliniques.
Mais selon le président Donald Trump, seules les agences américaines n’ont pas compris son intérêt dans la lutte contre le coronavirus, rapporte l’agence Reuters ce mardi, précisant avoir reçu ‘d’excellents rapports’ venus de France ou encore d’Espagne, sans plus de précisions.
Royaume-Uni, France, Belgique…
La décision de la FDA fait pourtant suite à plusieurs études récentes qui suggèrent que le médicament antipaludéen n’est efficace ni en prévention ni en traitement contre le Covid-19.
Au Royaume-Uni, le vaste essai clinique Recovery s’est achevé début juin sans montrer ‘d’effet bénéfique’ de l’hydroxychloroquine pour les patients hospitalisés à cause du Covid-19.
En France, l’usage de l’hydroxychloroquine a été autorisé pour les patients atteints du coronavirus par un décret le 26 mars dernier. Une autorisation qui a été supprimée, également par décret, le 27 mai par le ministère de la Santé.
En Belgique, la chloroquine est toujours administrée dans certaines unités Covid mais son usage semble se raréfier, selon un article du journal Le Soir. Elle serait même désormais le plus souvent administrée à la demande du patient lui-même.
‘J’en ai pris et je me suis senti bien’
Depuis le mois de mars, Donald Trump vante les mérites de l’hydroxychloroquine en combinaison avec l’antibiotique azithromycine, un traitement également défendu par le désormais célèbre médecin français Didier Raoult.
Il y a quelques semaines, le président américain avait même fait savoir qu’il en avait pris à titre préventif après que deux personnes travaillant à la Maison Blanche aient été atteints par le Covid-19.
‘J’en ai pris et je me suis senti bien en le prenant. Je ne sais pas si cela a eu un impact, mais cela ne m’a certainement pas fait de mal’, a-t-il déclaré lundi.
La saga de la chloroquine, ‘une expérience triste, mais intéressante’
Des centaines d’essais cliniques sur la chloroquine et son dérivé sont toujours en cours à travers le monde, y compris en combinaison avec d’autres substances ou à différents stades de l’évolution du Covid-19. Et il faudra vraisemblablement attendre la publication et l’analyse de bon nombre d’entre elles pour enfin avoir le fin mot de cette saga médico-médiatique.
‘Tout le monde s’est senti expert dans ce domaine’, pointe encore Jean-Louis Vincent, médecin aux soins intensifs de l’hôpital Erasme et professeur à l’ULB, dans Le Soir. ‘Ça a aussi incité les grandes revues à se lancer dans la course à la publication… On voit ce que ça a donné avec la grosse étude du Lancet: le papier a été à peine analysé avant d’être publié.’
‘Tout le monde aimerait que ça marche, mais il faut arrêter de se leurrer’, conclut-il. ‘En ce sens, la chloroquine est une expérience triste, mais intéressante.’