Attaqué coup sur coup dans deux articles de presse de Politico et du Monde, Charles Michel lance sa large réponse médiatique dans la presse de son pays. Le Soir, La Libre, De Standaard, Sudinfo et puis le JT de RTL-TVi. Le président du Conseil européen clame que les dépenses liées à son activité sont totalement transparentes et faites dans les règles. Il voit dans ces critiques une tentative de déstabilisation politique, face au rôle que joue l’Europe sur le plan international et la place que prend sa présidence.
Dans l’actu : la réponse médiatique de Michel.
- Il fallait être complètement déconnecté pour ne pas voir Charles Michel dans la presse hier soir et ce matin. Le président du Conseil européen donne « sa version des faits », face aux nombreuses critiques de ces derniers jours.
- La première attaque est venue du média américain Politico, généralement très bien renseigné sur les affaires européennes. Certaines fuites faisaient mention de vives critiques quant à la manière dont Charles Michel mène les Conseils européens, parfois au bout de la nuit, sans très grande efficacité, jusqu’à l’exaspération.
- La seconde charge est venue du plus grand quotidien français, le journal Le Monde, qui a épluché les factures des multiples voyages internationaux du président du Conseil, le tout en jet privé (pas très « Green Deal », tout ça). Notamment un voyage à Pékin dont le coût a été évalué à 460.000 euros, payé par le contribuable européen.
Les voyages
- « Il y a des règles strictes et transparentes sur les missions et les budgets », explique Michel au Soir. La transparence est totale : l’ensemble des factures ont été communiquées aux journalistes qui l’ont demandé », et les dépenses se trouvent même en ligne. Il faut toutefois bien fouiller.
- En début d’année, Michel a néanmoins fait la demande pour qu’on élargisse son budget de 500.000 euros, portant le total à 2,6 millions d’euros pour couvrir les frais de sa fonction. La part dévolue aux voyages devrait avoisiner les 2 millions d’euros, c’est quatre fois plus que ces prédécesseurs Herman Van Rompuy et Donald Tusk, note La Libre.
- Comment l’expliquer ? « Ça n’a échappé à personne qu’il y a eu une crise du Covid extrêmement grave, qu’il y a une guerre déclenchée contre l’Ukraine et que depuis les trois dernières années, le Conseil européen est beaucoup plus engagé sur les questions internationales », se justifie-t-il dans le quotidien.
- Ses voyages en Afrique ? « Préfère-t-on laisser les milices de Wagner et Monsieur Lavrov se promener en Afrique pour porter le message hostile à l’Union européenne ? »
- Son voyage en Chine ? « Une invitation de la Chine et une demande du président ukrainien Zelenski » de jouer les intermédiaires avec Xi Jinping.
- Ses voyages en jet privé ? Ce ne serait pas son choix, le mode de transport est proposé par des fonctionnaires qui ne sont pas sous son autorité. En outre, ces vols se justifient parfois par le manque de connexions avec Bruxelles. Charles Michel rappelle que les règles sont les mêmes pour la représentation extérieure de la Commission.
Son rôle et sa concurrence avec Ursula von der Leyen
- Le libéral rappelle que son rôle prend en charge « la politique extérieure et de sécurité de l’Union”. On touche ici à un point sensible du dossier. Les traités européens sont très évasifs sur le rôle politique du président du Conseil européen et de sa concurrence avec la présidence de la Commission ou encore du Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères. Un monstre à trois têtes qui n’a jamais pu répondre, en son temps, à la question d’Henry Kissinger, le célèbre ancien secrétaire d’Etat américain : « Qui dois-je appeler pour parler à l’Europe ? »
- Depuis le début de son mandat, Charles Michel se démène pour être la tête de pont de ce trio, quitte à parfois le faire maladroitement, par exemple lors du sofagate avec Ursula von der Leyen, qui l’a fait connaitre de toute la presse européenne.
- Sa manière de diriger le Conseil européen ? Michel dénonce un article uniquement « à charge » composé « d’attaques anonymes ». Ses résultats, dit-il, plaident pour lui : « Je vois quand même un Conseil européen qui tourne bien, très bien même… ».
Pourquoi ?
- « À qui profite le crime ? », demande Charles Michel. D’une part à ceux qui ne veulent par voir l’UE jouer un rôle international, commence le président du Conseil européen, à hauteur de son rôle économique, qu’ils soient acteurs, observateurs ou commentateurs.
- Charles Michel ne donne pas de noms. Mais il est à noter qu’il est sur la même ligne que le président Emmanuel Macron, qui défend « l’autonomie stratégique » de l’UE, aussi vis-à-vis des États-Unis. Des fuites dans la presse qui proviennent des Atlantistes ? Michel ne confirme pas.
- Il y a ensuite ceux, en interne, qui ont des ambitions internationales. Il n’aura échappé à personne au sein des institutions que des élections ont lieu l’année prochaine, en mai 2024. « Je ne suis pas né de la dernière pluie », sourit le président du Conseil européen.