La Chine (re)tente de mener les cryptos à la baguette, le marché rougit: « Toutes les activités liées aux monnaies virtuelles sont illégales »

En précisant ce vendredi les règles interdisant la publicité autour des « monnaies virtuelles », les autorités chinoises déclarent hors-la-loi l’industrie crypto. Une fois de plus.

« Récemment, les activités de battage publicitaire sur les devises virtuelles ont augmenté, perturbant l’ordre économique et financier, engendrant des activités illégales et criminelles telles que les jeux d’argent, les collectes de fonds illégales, la fraude, les systèmes pyramidaux et le blanchiment d’argent », ont déclaré dans un avis conjoint une dizaine d’organismes étatiques chinois, parmi lesquels on retrouve notamment la banque centrale de Chine, l’administration centrale du cyberespace ou encore le ministère des Technologies.

Pour éviter que ces risques ne se matérialisent davantage, les autorités chinoises ont donc clarifié leur position quant au marché de la cryptographie. Une position sans nuance:

  • La monnaie virtuelle n’a pas le même statut juridique que la monnaie légale : « Les monnaies virtuelles telles que Bitcoin et Ether ont pour principales caractéristiques d’être émises par des autorités non monétaires. Elles ne sont pas légales et ne doivent pas et ne peuvent pas être utilisées comme monnaie sur le marché.« 
  • Les activités commerciales liées à la monnaie virtuelle sont des activités financières illégales: « Exercer des activités d’échange de monnaies virtuelles, fournir des services d’intermédiaire, le financement de l’émission de jetons, l’émission publique non autorisée de titres (…) sont strictement interdites. » Autrement dit, les acteurs cryptos qui mènent ces activités financières commettent « un crime » et doivent faire l’objet d’une enquête pour responsabilité pénale.
  • La fourniture de services par des bureaux de change virtuels est également décrétée illégale: « Le personnel qui sait ou devrait savoir qu’il est engagé dans des activités liées à la monnaie virtuelle et fournit des services tels que la promotion marketing, le paiement et le règlement, l’assistance technique, etc., fera l’objet d’une enquête conformément à la loi« .
  • Les investisseurs « soupçonnés de perturber l’ordre financier ou de mettre en danger la sécurité financière » seront aussi visés par des enquêtes.

Coup de bambou sur le marché

Cette information a déjà fait des ravages sur les crypto-bourses. Le BTC, la cryptomonnaie phare de l’industrie, a chuté de 8% en l’espace de deux heures, et l’ETH a perdu encore davantage sur la même période.

La Chine semble renouveler sa répression de l’industrie du bitcoin à intervalles réguliers. Cependant, cette dernière annonce mentionne pour la première fois le Tether (USDT) comme illégal. Plus grand stablecoin par sa valeur de marché, le Tether est largement utilisé dans la finance décentralisée.

Comme des observateurs l’ont noté, cependant, la communication conjointe des autorités chinoises date de la semaine dernière (le mercredi 15 septembre). L’information avait donc déjà eu le temps de circuler sur le marché. Mais, effectivement, la Banque populaire de Chine (PBOC) l’a bien mise en ligne aujourd’hui.

Cela illustre l’indécrottable sensibilité des investisseurs à la technique rhétorique de déstabilisation des politiques (qui porte même un nom, celui de FUD pour fear, uncertainty and doubt).

Une longue querelle gagnant en intensité

Cette année a été une année test pour l’industrie chinoise de la cryptographie. Dès février, Pékin a réprimé le minage de bitcoin, les mineurs de provinces comme la Mongolie intérieure et le Xinjiang ayant été sommés de fermer boutique.

En mai, un groupe de trois associations financières a réitéré l’interdiction de la banque centrale faite aux entreprises de s’engager dans les cryptomonnaies.

La National Internet Finance Association of China, la China Banking Association et la Payment and Clearing Association of China ont également averti que le commerce de cryptomonnaies constituait une activité « spéculative ».

Rappelons toutefois que, alors que l’extraction de crypto a fait l’objet de critiques spécifiques pendant la majeure partie de cette année, les efforts de la Chine pour interdire le commerce de crypto ont commencé dès 2017. Peu après, le bitcoin avait atteint 20.000 dollars pour la première fois en décembre de cette année-là.

En parallèle de ce boycott des cryptos, soulignons toute la propagande et l’arsenal d’incitants que les dirigeants chinois déploient pour soutenir l’adoption du yuan numérique, leur monnaie digitale officielle…

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