Une nouvelle station spatiale, mais des débris dangereux à la pelle : en orbite aussi, la Chine est le plus gros pollueur

C’est une pas de plus dans l’espace pour l’Humanité, mais c’est surtout un grand bond en avant pour la Chine : ce dimanche, le pays a assisté au décollage d’une fusée Long March 5B Y3 emportant avec elle le module Wentian. Celui-ci a rejoint la station spatiale Tiangong sans encombre, ajoutant ainsi un premier laboratoire orbitale à la présence permanente de l’Empire du Milieu en orbite. Un troisième et dernier module, nommé Megtian, devrait suivre en octobre de cette année.

Mais si ce succès dans l’espace a de quoi impressionner, d’autant plus alors que l’ISS se fait vieille, la méthode suscite des critiques. Car la Chine ne s’est pas souciée du sort final de l’étage inférieur de sa fusée, largué dans l’espace une fois à court de carburant, et ce n’est pas la première fois que le pays lâche ce genre d’encombrante relique en orbite. C’est déjà la troisième fois que le pays choisit de ne pas contrôler l’élimination du premier étage d’une fusée Long March, et cette décision se révèle plutôt encombrante pour l’ensemble des agences spatiales de notre planète.

« L’étage central inerte [de la fusée chinoise] reste en orbite et n’a pas été activement désorbité » a commenté sur Twitter Jonathan McDowell, un traqueur de débris spatiaux collaborant avec le Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics « Les Américains font un travail plutôt meilleur en matière d’élimination de l’étage supérieur, et la Chine, en moyenne, un travail pire », a-t-il ajouté.

Un déchet de 21 tonnes en roue libre

L’U.S. Space Command a confirmé que le débris de fusée flottait en orbite et n’allait sans doute pas s’éloigner de notre planète. Or celui-ci fait 21 tonnes. De quoi constituer un danger potentiel en altitude, et même sur Terre : il est très probable qu’il retombe sur notre planète dans les jours à venir. Le risque qu’il cause des victimes reste vraiment minime, mais il existe bel et bien. Le commandement spatial américain n’a toutefois pas – encore – émis d’alerte à ce sujet.

Une étude récente a souligné que la pratique consistant à laisser d’énormes étages faire des chutes incontrôlées vers la Terre crée un « risque inutile« , et que la Chine n’est pas la seule à le faire. Les États-Unis et la plupart des grandes agences spatiales internationales ont des pratiques régissant la manière de gérer le risque lié aux étages de fusée.

Danger de part et d’autre de l’équateur

Le gouvernement américain, par exemple, régit ses chutes en vertu des Orbital Debris Mitigation Standard Practices, qui exigent que le risque de victimes d’une fusée rentrante soit inférieur à un seuil de 1 sur 10.000, mais celui-ci n’est pas toujours respecté.

Étant donné que la plupart des corps de fusée non contrôlés sont lancés près de l’équateur, ce sont les villes proches de cette latitude qui sont les plus en danger : Jakarta (Indonésie), Dhaka (Bangladesh), Mexico, Bogota (Colombie) et Lagos (Nigeria) courent trois fois plus de risques d’être touchées par un corps de fusée rentrant que Washington, New York, Pékin et Moscou, selon Space.com.

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