Ce mardi, la Russie et la Chine ont organisé un exercice conjoint au-dessus de la mer du Japon. Dans le même temps, Joe Biden était à Tokyo, où il rencontrait ses homologues japonais, indien et australien.
Réunis à Tokyo dans une alliance informelle nommée « Quad », les dirigeants des quatre pays ont eu l’occasion d’aborder le sujet brûlant de la région: Taïwan. Lundi, Joe Biden a indiqué que les États-Unis étaient prêts à utiliser leurs moyens militaires en cas d’invasion de l’île par la Chine.
Une déclaration qui a fait bondir certains spécialistes, voyant là un changement dans la tactique de « l’ambiguïté stratégique » adoptée depuis des décennies par Washington sur la question. Ce mardi, le président américain a toutefois assuré que cette doctrine était maintenue. Pour rappel, elle consiste à ne reconnaître diplomatiquement que la Chine continentale tout en s’engageant à donner à Taïwan les moyens militaires pour se défendre en cas d’invasion… sans pour autant promettre explicitement une intervention militaire.
Quoi qu’il en soit, les mots de Biden n’ont pas plu à la Chine. « Je veux rappeler à la partie américaine qu’aucune force au monde, y compris les États-Unis, ne peut empêcher le peuple chinois d’accomplir une unification nationale complète », a réagi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin. Si Washington « persiste sur la mauvaise voie, cela aura non seulement des conséquences irrémédiables pour la relation sino-américaine, mais aussi un coût insupportable pour les États-Unis », a-t-il ajouté.
Russes et Chinois lancent un exercice conjoint
En parallèle de cet incident diplomatique, il est apparu que la Chine et la Russie ont mené un exercice conjoint ce mardi. Au moins quatre bombardiers à capacité nucléaire (deux chinois, Xian H-6, et deux russes, des Tu-95) ont survolé la mer du Japon puis la mer de Chine orientale. Les deux pays avaient déjà organisé pareille opération en 2019, 2020 et 2021, mais c’est la première fois qu’ils s’y essayent alors qu’un président américain est dans la région, note le Financial Times.
Le ministre japonais de la Défense, Nobuo Kishi, a vivement condamné l’exercice, le qualifiant de « provocateur » et d' »inacceptable ». « Alors que la communauté internationale répond à l’agression de l’Ukraine par la Russie, le fait que la Chine ait entrepris une telle action en collaboration avec la Russie (…) est préoccupant. Cela ne peut être sous-estimé », a-t-il déploré.
« Cela montre également que la Russie se tiendra aux côtés de la Chine dans les mers de Chine orientale et méridionale, et non avec d’autres États indo-pacifiques », a déclaré un responsable interrogé par le Financial Times.
La Russie confirme
Des analystes chinois avaient précédemment indiqué que l’un des objectifs de ces missions conjointes était d’avertir les États-Unis de ne pas « semer le trouble » avec des initiatives telles que le Quad.
De son côté, Moscou a confirmé l’organisation de l’exercice, mais a précisé « les avions des deux pays ont agi en stricte conformité avec les dispositions du droit international ». « Il n’y a pas eu de violation de l’espace aérien d’États étrangers », a indiqué le ministère russe de la Défense.