Les Bourses de la grande Chine (Shanghai, Shenzhen et Hong Kong) ont collecté 123 milliards de dollars grâce aux différentes introductions de cette année. Shanghai devrait, en 2020, devenir n°1 pour les nouvelles entrées. Une bonne nouvelle pour Pékin qui veut diminuer sa dépendance par rapport aux institutions étrangères.
La Bourse de Shanghai a déjà comptabilisé 61 milliards de dollars pour les nouvelles introductions, soit 3 fois plus qu’en 2019 à la même époque. Selon le cabinet Deloitte, Shanghai pourrait cette année se classer à la première place des introductions. La Bourse chinoise pourrait donc se placer devant Wall Street et Hong Kong, habituellement privilégiés par les entreprises technologiques.
Comment expliquer cette première place ?
L’une des principales causes de cette montée de Shanghai dans le classement des introductions en Bourse est la création en juillet 2019 du STAR Market, semblable au NASDAQ américain. Le marché boursier se concentre donc sur les valeurs technologiques et scientifiques chinoises.
Le STAR market a totalement révolutionné les règles traditionnelles chinoises sur les marchés financiers. Sont donc autorisées :
- L’introduction d’entreprises non rentables
- Les cotations avec plusieurs classes d’actions
Ce marché boursier est donc de ce fait bien plus ressemblant aux marchés américains. Les autorités n’ont d’ailleurs pas leur mot à dire sur la manière dont les actions sont évaluées, comme c’est pourtant le cas sur les autres marchés. Cette souplesse doit permettre de simplifier les processus d’aides publiques, afin que les finances chinoises puissent soutenir un peu plus les entreprises du pays dans leur développement.
Depuis son lancement, STAR market a comptabilisé près de 200 nouvelles introductions pour une valeur de 40 milliards de dollars, sans compter Ant Group. Lorsque la filiale du groupe Alibaba aura fini sa cotation, le marché boursier technologique représentera 60% de la valeur de toutes les introductions en Chine continentale cette année, explique la CNN.
La deuxième explication se trouve dans la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine. De nombreuses entreprises chinoises ont préféré entrer en Bourse en Chine plutôt qu’à New York, de peur que la législation américaine se montre hostile face à leur introduction en Bourse.
Une année particulière
2020 est, à cause de la pandémie et de la crise économique, une année compliquée pour les introductions en Bourse. Au deuxième trimestre de l’année, les introductions ont diminué de 39% par rapport à 2019. Ce sont surtout les États-Unis et l’Europe qui ont été impactés par cette baisse, puisqu’en Chine, les introductions ont augmenté de 28%. Ainsi, au 2e trimestre, il y a 91 nouvelles entrées dans les Bourses de la grande Chine et seulement 40 aux États-Unis.
Shanghai pourrait donc rapidement perdre sa place dès que la situation économique en Occident se rétablira. Car les deux Bourses chinoises (hors Hong Kong) restent assez strictes sur les conditions d’entrée, malgré la création du STAR market. Le gouvernement a toujours un important droit de regard. En outre, le yuan reste difficilement convertible.
Enfin, il faut bien comprendre que les lois chinoises ne sont pas toujours favorables aux entreprises internationales. C’est l’une des raisons qui rend souvent Hong Kong bien plus intéressant pour les entreprises du pays qui veulent faire des affaires à l’étranger. Shanghai et Shenzhen comptent donc principalement sur les entreprises nationales, qui restent à l’intérieur du marché chinois. Il n’existe toutefois pas un nombre illimité de sociétés de ce type. Les capacités de ces deux Bourses sont donc pour le moment limitées, à moins que Pékin, dans une volonté de réduire sa dépendance aux marchés étrangers, s’ouvre progressivement à l’international.