Alors que l’économie chinoise est à la peine à cause des pénuries d’électricité, le pays a tout misé sur l’énergie noire. Les exportations de charbon, majoritairement depuis les USA et l’Australie, ont fait un bon de 96,2% par rapport à octobre 2020, alors qu’elles baissaient le mois précédent. La Chine garde la place de principal consommateur et émetteur de carbone au monde.
Encore un signe que rien d’efficace ne peut se faire dans la lutte contre le réchauffement climatique sans engagement durable des plus grandes économies de la planète. La Chine, confrontée à une pénurie d’électricité sans précédent a pas moins de doublé ses importations de charbon en octobre dernier par rapport au même moins l’année passée. C’est d’autant plus impressionnant qu’en septembre 2021, celles-ci étaient en baisse de 18,2% par rapport à septembre 2020.
Les achats mensuels de charbon de la Chine ont atteint 26,9 millions de tonnes en octobre, soit une hausse de 96,2 % par rapport à l’année précédente, et ce alors que, un mois plus tôt, le pays annonçait qu’il n’investirait plus dans l’extraction de charbon dans d’autres pays, ce qui équivalait à donner un grand coup d’arrêt au développement de cette industrie à l’échelle mondiale, car la Chine était un des derniers gros pourvoyeurs de fonds.
Des pluies noient les mines
Une hausse qui s’explique par la pénurie énergétique qu’a subi le pays ce mois-ci, et à laquelle il a réagi en stimulant l’extraction charbonnière, dont son économie est encore fort dépendante, alors que des pluies diluviennes ont justement enrayé cette industrie durant le mois d’octobre. La Chine reste le principal producteur de charbon au monde, avec 3,9 milliards de tonnes extraites en 2020, et des estimations pour 2025 qui tournent autour des 4,1 milliards. Mais ces inondations ont mis provisoirement à l’arrêt 60 des mines du Shanxi, alors que cette région a produit 1,06 milliard de tonnes de charbon en 2020, soit plus d’un quart du total du pays.
Les États-Unis, autre pays producteur de charbon, restent le premier partenaire commercial de la Chine, malgré que les importations ont fortement ralenti d’environ 4,6 % en octobre par rapport à l’année dernière, tandis que les exportations vers les États-Unis ont maintenu un rythme de croissance élevé de près de 22,7 %, selon les données des douanes chinoises.
Retour à la normale – jusqu’à l’hiver
Les importations en provenance d’Australie – autrefois la plus grande source de charbon de la Chine – ont chuté à 24,3 % en glissement annuel en octobre, contre un taux de 50,7 % en septembre, selon les données douanières. Les exportations ont augmenté de 22,3 %, soit une légère baisse par rapport au taux de 23,8 % enregistré en septembre.
Ce dimanche, la société chinoise State Grid a déclaré que l’offre et la demande d’électricité dans ses zones d’activité étaient revenues à la normale, mais elle a aussi mis en garde contre les difficultés à venir durant les prochains mois d’hiver.
La région Asie-Pacifique représentait 52 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone l’année dernière, selon la dernière édition du Statistical Review of World Energy de BP. La Chine a contribué à elle seule à 59 % des émissions de la région, tandis que l’Inde en représentait 13,7 %, selon le rapport. Jeudi dernier, dans le cadre de la COP26, 28 pays ont rejoint une alliance internationale consacrée à l’élimination progressive du charbon, mais les plus grands brûleurs de charbon du monde, comme la Chine et l’Inde, n’ont pas signé.