La Chine assure que ce n’est pas une de ses fusées qui va s’écraser sur la Lune: de l’enfumage en règle

Fin janvier, des astronomes américains ont découvert qu’un morceau de fusée allait s’écraser sur la Lune début mars. La semaine dernière, ils ont avancé qu’il pourrait s’agir de l’étage d’un engin chinois. La Chine dément, mais répond en fait à côté de la question.

Initialement, les astronomes pensaient qu’il s’agissait d’un morceau de fusée de SpaceX. La semaine dernière, l’astronome Bill Gray, à l’origine de la découverte, a révisé son jugement. Selon lui, il s’agit plutôt d’un étage de la fusée Longue Marche 3C qui a servi de booster de la mission Chang’e 5-T1, lancée en 2014 dans le cadre du programme d’exploration lunaire de l’agence spatiale chinoise.

Bien qu’il ait précisé n’être pas sûr à 100% de son fait, peu après, le Center for Near-Earth Object Studies du Jet Propulsion Laboratory de la NASA a confirmé ses dires. Une analyse spectrale indépendante réalisée par des étudiants de l’université de l’Arizona est également arrivée à la même conclusion: l’objet appartient très probablement à la mission chinoise.

« La fusée a complètement brûlé »

Ce lundi, le ministère chinois des Affaires étrangères est sorti de son silence afin de démentir ces accusations.

« Selon le suivi effectué par la Chine, l’étage supérieur de la fusée liée à la mission Chang’e-5 est entré dans l’atmosphère terrestre et a complètement brûlé », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

« La Chine respecte le droit international en matière de développement des affaires spatiales, elle préservera le développement à long terme des activités spatiales et mènera des consultations plus larges avec les parties concernées », a-t-il ajouté.

Un démenti qui ne porte pas sur la bonne mission

Ce démenti chinois a ensuite été repris dans la presse, tant en Chine qu’aux Etats-Unis ou en Europe, y compris en Belgique. Sauf qu’il conviendrait d’y apporter une précision, de taille.

Wang Wenbin a évoqué la mission Chang’e-5. Et non la mission incriminée, Chang’e 5-T1.

La mission complète Chang’e-5 a été lancée en novembre 2020. Elle a permis de collecter 1,7 kilogramme d’échantillons lunaires frais et de les livrer à la Terre en décembre 2020. Son étage supérieur, lancé par une Longue Marche 5, est rentré dans l’atmosphère une semaine après le lancement. Forcément, comme le dit la Chine, ce n’est pas un morceau de cette fusée qui s’apprête à entrer en collision avec la Lune: personne n’a jamais dit cela.

Une autre donnée vient troubler le tableau

On serait donc tenté de conclure qu’il s’agit d’un enfumage en règle et que c’est bien un morceau de fusée la mission Chang’e 5-T1 qui va s’écraser sur l’astre céleste. Sauf que, d’après les données du Space Force’s 18th Space Control Squadron, l’étage incriminé (nommé 2014-065B)… est lui aussi bel et bien rentré dans l’atmosphère pour y brûler, en octobre 2015.

Toutefois, selon Bill Gray, l’information donnée par la branche spatiale des forces armées américaines n’a pas beaucoup de poids. Il explique qu’il ne s’agit en fait que d’une prévision faite un an avant cette prétendue rentrée dans l’atmosphère. 2014-065B devait brûler en octobre 2015, mais rien n’indique que cela s’est bel et bien produit.

L’astronome a modifié son papier lundi. Il a réaffirmé son hypothèse, indiquant que, désormais, il dispose de « bonnes preuves » que c’est bien le morceau 2014-065B de la Longue Marche 3C qui a servi booster de la mission Chang’e 5-T1 qui s’écrasera la semaine prochaine sur la Lune.

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