Selon l’Economist Intelligence Unit (EIU), notre pays a eu la plus mauvaise réaction face à la pandémie parmi 21 États membres de l’Organisation de coopération et de développement (OCDE). À l’extrême opposé, on retrouve la Nouvelle-Zélande en tête de liste, où le coronavirus a été éradiqué du territoire depuis fin avril.
Ce classement des réactions des gouvernements à la pandémie publié mercredi ne nous fait pas honneur, sans réelle surprise. On savait déjà que la Belgique détenait un des taux de surmortalité les plus élevés d’Europe, devancée uniquement par le Royaume-Uni et l’Italie.
On pourrait cependant tenter de se consoler en soulignant que le rapport de l’EIU n’évalue les réponses que de 21 des 37 États membres de l’OCDE à la crise sanitaire. Et en rappelant que les comparaisons entre pays sont délicates, puisque chacun possède sa propre façon de compter ses décès dus au coronavirus.
La Belgique est ainsi le pays à avoir ratissé le plus large, et qui se rapprocherait le plus de la réalité selon des observateurs. Notre pays prend effectivement en compte la surmortalité pour évaluer l’ampleur de la crise, c’est-à-dire la différence entre le nombre total de personnes décédées aujourd’hui et la moyenne historique pour un même endroit et à la même période de l’année. Mais toujours est-il que ce niveau de surmortalité reste très élevé par rapport à nos voisins européens.
Dépistage vs mortalité
L’indice de l’EIU attribue à chaque pays une note globale sur quatre points. Les analystes ont établi ce classement en prenant en compte trois indicateurs montrant la ‘qualité de la réponse’ à la crise (les tests, les soins de santé non-Covid-19 et les taux de mortalité dus au virus), atténués par trois facteurs de risque préexistants permettant d’ajuster les scores (la prévalence de l’obésité, la part de la population de plus de 65 ans et les arrivées internationales).
La Belgique obtient ici une note globale de 2,11 sur 4… Alors même qu’elle glane le score maximal (4) pour sa capacité de test. C’est bien le taux de mortalité qui tire notre pays au fin fond du classement, le score le plus bas (1). Nous déplorons à ce jour 9.675 victimes du coronavirus, le taux de mortalité par habitant le plus élevé au monde, selon Our World in Data.
Concernant les soins de santé aux patients non-atteints du Covid-19, la Belgique reçoit la note relativement bonne de 3. Dans les facteurs de risque, nous obtenons le score assez élevé de 3 pour la part de la population de plus de 65 ans et les arrivées internationales. La prévalence de l’obésité nous rapporte elle la note relativement bonne de 2 sur 4.
Bons et mauvais élèves
À l’autre bout du classement, on retrouve donc la Nouvelle-Zélande qui fait figure de meilleure élève, avec un modèle toutefois difficile à suivre de par son isolation naturelle en tant qu’île. Le coronavirus est toutefois réapparu lundi après que deux Britanniques ont pu sortir prématurément de quarantaine à la suite d’une erreur. Une bourde qui met fin à une série de 24 jours sans aucun nouveau cas sur le territoire. Le gouvernement a décidé de réagir rapidement avec des mesures fortes: l’armée prend le contrôle des frontières.
Les États-Unis ont reçu une ‘bonne’ note globale de 3,11 de la part de l’EIU, et ce malgré le nombre de victimes le plus élevé à ce jour (116.963 morts).
Du côté de nos voisins européens, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie (qui détiennent le triste record du plus grand nombre de décès sur le continent) se classent à l’avant-dernière place du classement, avec un score global ‘faible’ de 2,22. Les bons élèves sont l’Autriche, le Danemark, la Norvège et l’Allemagne, grâce à ‘une faible surmortalité pendant la pandémie, de solides programmes de suivi et de localisation, et la poursuite des services de soins de santé pour les patients non atteints de coronavirus’, selon le rapport.
Le graphique suivant montre la répartition des pays selon leur réponse globale à la crise et leurs facteurs de risques. Comme nous pouvons le constater, la Belgique se retrouve dans le fond du classement, avec l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni à ses côtés. Il est intéressant de constater que les Pays-Bas et la Suède ne font pas non plus bonne figure, alors que le premier a exclu un confinement total au début de la crise, une méthode que le second a maintenu jusqu’à ce qu’elle se retourne contre lui.
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