Toute menace contre les intérêts japonais dans l’espace pourra entrainer une réponse américaine

En cas d’attaque en orbite sur des intérêts japonais – un satellite par exemple – les USA pourraient bien mener la riposte. C’est en substance le message que Tokyo et Washington viennent d’envoyer à Pékin : le parapluie américain au-dessus de l’archipel s’étend jusqu’à l’espace.

Pourquoi est-ce important ?

L'augmentation de l'activité militaire chinoise - et russe - dans le Pacifique suscite les inquiétudes du Japon, où l'on craint de se voir entraîner dans un conflit autour de Taïwan. Un contexte qui s'étend jusqu'à l'espace, où les satellites des différentes nations impliquées représentent autant d'objectifs stratégiques.

Dans l’actualité : l’alliance défensive entre le Japon et les États-Unis s’étend dorénavant aussi dans l’espace, ont annoncé conjointement les deux nations.

Le solide parapluie de l’oncle Sam

  • « Nous sommes d’accord sur le fait que les attaques vers, depuis où dans l’espace représentent un défi évident », a annoncé ce mercredi le secrétaire d’État américain Antony Blinken, après une rencontre à Washington avec des homologues japonais. « Nous affirmons que, selon la nature de ces attaques, cela pourrait conduire à l’invocation de l’article 5 de notre traité de sécurité nippo-américain. »
  • Autrement dit, s’en prendre aux intérêts du Japon dans l’espace équivaudrait à s’attirer les foudres américaines. Un avertissement contre les puissances considérées comme hostiles dans la région, en premier lieu desquelles la Chine.
  • La Défense américaine a également confirmé l’installation à Okinawa, prévue de longue date rappelle le Financial Times, d’un régiment de marines américains dotés de capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance ainsi que des capacités antinavires et de transport.
  • Japon et États-Unis ont également convenu de renforcer la formation et les exercices bilatéraux dans les îles du sud-ouest du Japon, que Tokyo appelle les îles Nansei, où la Chine a récemment renforcé sa présence navale.

Le Japon, en première ligne face à la Chine dans le Pacifique.

  • Si c’est principalement Taïwan qui craint une attaque de la part de Pékin, qui veut voir l’île retourner dans son giron, le Japon s’inquiète de l’activité croissante de l’armée chinoise en bordure de son ciel et de ses eaux. L’APL (l’Armée populaire de libération de la Chine communiste) a mené plusieurs exercices de grande ampleur dans le Pacifique Nord, parfois en collaboration avec la flotte russe.
  • Ces dernières années le Japon se réarme, brisant de plus en plus résolument le tabou sur la chose militaire dont s’imprègne jusqu’à sa constitution. Le pays se permet même des pirouettes rhétoriques pour se fournir en armes qu’il devrait en théorie refuser ; Tokyo a ainsi réformé un (très gros) destroyer en porte-avions de poche, le premier dans la flotte impériale depuis 1945.
  • Le Japon envisage aussi de se doter de missiles Tomahawk, qui lui offriraient une capacité à rapper le sol chinois. Là encore, c’est un changement de paradigme total, pour un pays qui, officiellement, n’a pas d’armée, mais une simple « force d’auto-défense ».

La mer et le ciel, mais aussi l’espace

Le contexte : la militarisation de l’orbite terrestre va croissant, alors que ce milieu apparaît de plus en plus comme un champ de bataille potentiel, au même titre que l’espace maritime ou aérien d’un pays.

  • Les satellites d’un pays représentent un enjeu stratégique pour ses communications, son accès à Internet, mais aussi la coordination de ses armées. Et un nombre croissant d’entre eux investit pour protéger les siens, mais aussi détruire ou rendre inopérants ceux d’un ennemi potentiel.
  • Cette annonce, qui étend le parapluie américain sur l’archipel japonais jusqu’à l’espace, intervient justement alors que la Chine s’implique de plus en plus dans son propre programme spatial, tout en travaillant sur des moyens de neutraliser des réseaux de satellites de type Starlink.
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