La décision d’exclure certaines banques russes de SWIFT – un système de messagerie interne entre plus de 11.000 banques et institutions financières dans plus de 200 pays – pourrait avoir des « conséquences inattendues ». C’est ce que Jamie Dimon, le très médiatique PDG de la banque d’investissement JP Morgan, a souligné dans une interview accordée à Bloomberg TV. De plus, les acteurs trouvent toujours un moyen de contourner les sanctions, a-t-il rappelé.
Jamie Dimon, patron de JP Morgan: la Russie pourra « contourner » son exclusion de SWIFT, et cela aura des « conséquences inattendues »
Pourquoi est-ce important ?
Les banques du monde entier utilisent le réseau SWIFT pour effectuer des transactions transfrontalières. JP Morgan est l'une des sociétés de Wall Street qui a conseillé à Washington de ne pas évincer la Russie du système. Selon celles-ci, cela aura des conséquences considérables, nuisant à l'économie mondiale et sapant l'objectif des sanctions.Le banquier a souligné que la mesure visant à restreindre l’accès de la Russie au réseau SWIFT pourrait être contournée. « Une sanction signifie que je ne peux pas faire affaire avec vous », a résumé M. Dimon. « Un truc lié à SWIFT signifie que je ne peux pas utiliser un certain outil de communication pour faire des affaires avec vous. Je peux donc continuer à faire des affaires avec vous. »
M. Dimon a indiqué que l’exclusion de la Russie de SWIFT ne signifie pas que les systèmes de messagerie alternatifs pour les paiements seraient eux aussi boycottés. Il a également déclaré qu’il y avait des inquiétudes quant aux conséquences involontaires de cette décision et aux personnes qui seront lésées par celle-ci.
« La guerre ne suit pas toujours le chemin que l’on souhaite. Les sanctions financières ne suivent pas toujours le chemin que l’on souhaite », a-t-il fait valoir. « Les gens doivent être très réfléchis dans leur façon d’aborder ces choses ».
Peu après, JP Morgan a annoncé à ses employés qu’elle ferait un don d’un million de dollars en faveur des secours ukrainiens, rapporte le Wall Street Journal.
« Probablement trop d’assouplissement quantitatif »
Au cours de l’interview, M. Dimon a également fait quelques commentaires sur l’économie américaine. Il a déclaré qu’il y avait probablement eu « trop de mesures de relance budgétaire et d’assouplissement quantitatif« , mais que l’économie américaine était encore forte et que la Réserve fédérale ferait face aux obstacles avec « vigueur ».
Les décideurs de la Fed devraient commencer à relever les taux d’intérêt le mois prochain pour faire face à l’inflation américaine la plus élevée depuis des décennies. Le mois dernier, M. Dimon a prévenu que le processus de resserrement ne sera pas nécessairement aussi « doux et tendre » que certains pourraient le penser. Interrogé lundi sur le nombre de fois que la banque centrale pourrait relever les taux d’intérêt cette année, il a répondu: « Cela pourrait être sept ou neuf fois, cela pourrait être plus, cela pourrait être moins ».
M. Dimon a également ajouté qu’il ne pensait pas que les taux d’inflation actuels soient temporaires. Mais il s’attend tout de même à ce que cela s’améliore avec le temps.