Israël s’est lancé dans une guerre dont personne ne peut dire quand elle finira, et qui coûte déjà une fortune à son économie

Israël s’est lancé dans une guerre dont personne ne peut dire quand elle finira, et qui coûte déjà une fortune à son économie
Israël se lance dans une guerre de siège à Gaza. Elle sera coûteuse et longue. | Getty / Fotojet.

Israël a proclamé ses buts de guerre : en finir avec le Hamas. Plus facile à dire qu’à faire. Et pour laisser quoi, après, à Gaza ?

Dans l’actualité : Les opérations israéliennes s’intensifient dans Gaza assiégée. Après les bombardements, Tsahal a mené plusieurs raids terrestres. Probablement pour sécuriser des brèches dans les défenses du Hamas.

Guerre de siège et économie

  • Mais c’est à une vraie forteresse urbaine. Gaza est parsemée de goulots prévus pour des embuscades, labourés de tunnels et semés de mines et d’engins explosifs improvisés.
  • L’armée israélienne opte pour une approche lente et méthodique. Elle veut économiser le sang de ses soldats, mais elle doit aussi surveiller les frontières.
  • Au Liban et en Syrie, les autres milices soutenues par l’Iran pourraient faire cause commune avec le Hamas. Des escarmouches ont déjà eu lieu, en particulier avec le Hezbollah libanais.
  • Dans ce contexte, Israël mobilise : 350.000 réservistes ont été rappelés, soit, selon Bloomberg, 8% de la force de travail du pays.

Une économie israélienne qui va souffrir

L’impact économique se fait déjà sentir : cette mobilisation couterait à l’État hébreu l’équivalent de 2,5 milliards de dollars par mois, selon Mizrahi-Tefahot, l’un des principaux prêteurs israéliens.

  • La banque centrale du pays s’attend au pire, avec un shékel en chute face au dollar américain – un shékel pour 25 cents, le niveau le plus bas depuis 2012. L’inflation risque en outre de repartir à la hausse. Elle se montait à 3,9% en septembre, contre 4,1 % en août.
  • L’indice principal de Tel-Aviv a chuté de 15 %, soit l’équivalent de 25 milliards de dollars de pertes en bourse.
  • JPMorgan prévoit que l’économie israélienne se contractera de 11 % ce trimestre sur une base annualisée.

Un bilan déjà lourd

Israël risque de s’enfoncer dans le marasme tant que la guerre durera. D’autant plus que cette fois, le conflit n’a pas été décidé à son initiative, à l’inverse des précédentes confrontations avec le Hamas à Gaza (2008-2009, puis 2012 et 2014 pour compter les interventions au sol) ou contre le Hezbollah au Liban (2008). Par comparaison, on peut rappeler que JPMorgan n’avait pas prédit de contrecoup économique à l’offensive terrestre de 2014 à Gaza.

  • En outre, le risque d’élargissement du conflit est bien réel. Des frappes ont déjà été lancées de part et d’autre sur les fronts libanais et syriens. L’Iran menace aussi l’État hébreu des pires représailles. Son rôle dans le pogrom du 7 octobre, qui a fait près de 1.500 victimes, reste peu clair.
  • Plus terrible, et sans doute plus probable, serait un embrasement de la Cisjordanie, contrôlée par l’Autorité palestinienne. Si celle-ci n’est pas à proprement parler en bons termes avec le Hamas, sa population est outrée de voir ses compatriotes de Gaza sous les bombes, qui jusqu’ici semblent tuer surtout des civils. Le ministère de la Santé de Gaza – contrôlé par le Hamas donc – évoque plus de 8.000 morts, sans que ce bilan soit vérifiable.

Une guerre fertile pour la haine

Comment, et surtout quand, tout cela va-t-il se terminer ? Difficile à dire. Israël a tout intérêt à régler la situation au plus vite au regard de la situation internationale et de sa propre économie. D’autant plus que plus le temps passe, plus la réponse de l’État hébreu prend des airs de vengeance indiscriminée. Mais foncer tête baissée dans Gaza pourrait s’avérer très couteux en vies israéliennes.

  • Le gouvernement Netanyahou a décrété ses buts de guerre : extirper le Hamas de Gaza, et s’assurer que ce territoire ne soit plus une menace pour des civils israéliens. Plusieurs responsables estiment que la campagne pourrait durer de six semaines à six mois, rapporte encore Bloomberg.
  • Si une longue campagne de combats urbains peut sans doute réduire à peu de chose le mouvement considéré comme terroriste par l’UE et les USA qui dirige Gaza, cette guerre laissera un terrain fertile à la haine, parmi les Palestiniens.
  • Israël ne doit pas s’attendre à ce que la décapitation du Hamas conduise à un épanouissement de la démocratie à Gaza, estime l’ancien ambassadeur des États-Unis en Israël Daniel Kurtzer dans les colonnes du média israélien Haaretz. D’autant plus si Tsahal ne laisse que des ruines.
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