Instagram, un réseau nocif à la santé mentale des adolescents que Zuckerberg a sciemment refusé de rendre plus sain

Après la débâcle du métavers, le groupe Meta semblait reprendre des couleurs, avec un regain des bénéfices publicitaires. Et même des versions payantes de ses réseaux sociaux. Mais c’est oublier que le groupe de Mark Zuckerberg se retrouve englué devant les tribunaux dans ce qu’il faut bien qualifier de scandale sanitaire.

Dans l’actualité : Mark Zuckerberg savait qu’Instagram pouvait s’avérer nocif à la santé mentale. Et surtout, il n’a rien fait pour améliorer son réseau sur ce point. C’est ce qui ressort des communications internes récemment dévoilées devant un tribunal américain.

Un débat interne sur la santé mentale

  • Meta se retrouve englué dans le premier scandale de santé mentale et numérique. Le groupe est poursuivi par 33 États américains pour atteintes à la santé mentale des jeunes. L’affaire a commencé avec une fuite de documents internes, démontrant que les cadres de l’entreprise étaient parfaitement au courant que le réseau provoquait dépressions et pensées suicidaires chez les utilisateurs adolescents.
  • On découvre maintenant que le PDG Mark Zuckerberg a sciemment écarté toute mise à jour qui rendrait le réseau plus sain. Jusqu’à passer outre les recommandations des cadres de son entreprise. Y compris le PDG d’Instagram Adam Mosseri et le président des affaires mondiales Nick Clegg, qui avaient demandé à Zuckerberg de faire plus pour protéger les ados, détaille CNN.
  • Zuckerberg a mis son veto à une proposition de 2019 qui aurait désactivé les soi-disant « filtres de beauté » d’Instagram. Or, ceux-ci sont blâmés pour nourrir les complexes des plus jeunes. Ils promeuvent « des attentes irréalistes en matière d’image corporelle » selon les mots de la plainte déposée cette semaine par les responsables du Massachusetts.
  • Le profit avant le bien-être des utilisateurs. Après des mois de débat interne, Zuckerberg aurait imposé le maintien de ces filtres en 2020. Un diktat justifié, selon lui, par la demande sur le réseau pour ce genre de gadget. Il prétendait aussi n’avoir vu « aucune donnée » suggérant que les filtres étaient nuisibles, selon la plainte.

Des filtres qui rendent suicidaires

Et ça, c’est difficile à croire. Car toute l’affaire remonte à la révélation, en 2021, de documents internes à Meta. Ils certifient que le réseau social est conscient, depuis plusieurs années déjà, du problème que représente Instagram pour les adolescents.

  • Le groupe avait même réalisé plusieurs études internes sur la manière dont le réseau social impactait psychologiquement les jeunes. Les conclusions étaient sans appel : 13% des utilisateurs britanniques et 6% des utilisateurs américains ont attribué leurs pensées suicidaires à Instagram.
  • Les filtres censés « rendre « améliorer » physiquement les utilisateurs et les utilisatrices sur le réseau demeurent le cœur du problème. On découvre encore à quel point Meta a fait passer cette option nocive mais addictive avant le bien-être des jeunes. Des tactiques qui ont été comparées à celles de l’industrie du tabac.

« Je respecte votre décision sur ce point et je la soutiendrai. Mais je veux juste dire pour mémoire que je ne pense pas que ce soit la bonne décision étant donné les risques… J’espère juste que dans quelques années, nous regarderons en arrière et serons satisfaits de la décision que nous avons prise ici. »

Margaret Gould Stewart, vice-présidente de la conception des produits de Meta, dans un mail à Zuckerberg révélé au procès

L’entreprise a axé sa défense sur le fait que des filtres de ce genre étaient courants dans le secteur des réseaux sociaux.

  • « Meta interdit ceux qui font directement la promotion de la chirurgie esthétique, des changements de couleur de peau ou de la perte de poids extrême » a rappelé le porte-parole de Meta, Andy Stone. « Nous indiquons clairement lorsqu’un filtre est utilisé et nous travaillons à examiner proactivement les effets par rapport à ces règles avant leur mise en ligne. »
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