Leonid Nevzlin, qui a fui la Russie pour échapper à une peine de prison (influencée par la politique), partage via Facebook certaines de ses sources privilégiées au sein du Kremlin. Celles-ci montrent que 50 jours après le début de l’invasion (ratée) de l’Ukraine, Poutine sévit.
Tout d’abord, la nouvelle qui avait déjà été confirmée : le principal stratège de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov, a été placé en résidence surveillée. Il faisait partie du cercle restreint du président russe depuis 20 ans et a été le cerveau de l’invasion de l’Ukraine. Le voilà maintenant accusé de détournement de fonds publics et de corruption.
Avec lui, 150 agents des services secrets russes du FSB ont été arrêtés, tous opérant en Ukraine. Eux aussi sont accusés de corruption et d’utiliser l’argent de l’agence pour des voyages d’affaires coûteux. Des informations auraient également été régulièrement transmises aux services secrets ukrainiens du SBU, comme la localisation de l’équipe qui devait éliminer le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Choïgou
En plus de l’assignation à résidence de Sourkov, Nevzlin affirme que d’autres pions importants autour de Poutine ont été visés. Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, aurait été victime d’une crise cardiaque, qui n’était peut-être pas tout à fait naturelle. De Morgen avait déjà rapporté fin mars que l’homme avait souffert de problèmes cardiaques.
Étant donné que, en tant que ministre de la Défense, Choïgou est aussi le responsable ultime de l’invasion ukrainienne, qui, après 50 jours de combats, ne se déroule pas comme le président le souhaiterait, il semble probable que Poutine ait souhaité l’écarter.
L’éventuelle attaque contre Choïgou (qui aurait été organisée par Poutine lui-même) serait particulièrement révélatrice. Tout comme Soerkov, il fait partie des plus fidèles partisans de Poutine, et est lui-même un ami d’enfance du président. Ils avaient l’habitude d’aller pêcher ou de se promener dans les bois ensemble.
Malgré tout, il y avait déjà eu quelques fissures dans leur relation. Par exemple, Choïgou aurait utilisé d’importantes sommes d’argent destinées à l’armée à d’autres fins, comme un palais d’une valeur de 16 millions d’euros.
Dvorkovitch
Une autre victime possible de l’invasion ratée est Arkady Dvorkovich, qui a été Vice-premier ministre du gouvernement de Dmitri Medvedev entre 2012 et 2018. Il aurait fui, avec sa femme, vers Dubaï. Dvorkovitch a fait l’actualité en mars, lorsqu’il a condamné l’invasion de l’Ukraine. « Les guerres sont la pire chose qui puisse arriver dans une vie humaine… y compris cette guerre. Mes pensées vont aux citoyens ukrainiens », avait-il déclaré.
Selon plusieurs partisans de Poutine, Dvorkovitch appartiendrait ainsi à la cinquième colonne, une conspiration qui tente de fissurer le système de l’intérieur. Poutine avait lui-même indiqué précédemment qu’une conspiration de ce type était actuellement active en Russie également.
En exil en Israël
Leonid Nevzlin ne partage pas non plus ces rumeurs (car c’est ce qu’elles sont pour le moment) sans raison. Il a lui-même été directeur de Yukos, une compagnie pétrolière russe appartenant à l’oligarque Mikhaïl Khodorovsky (pour lequel Sourkov a également travaillé). Au tournant du siècle, Yukos est devenue l’une des plus grandes entreprises russes, ce qui a suscité du ressentiment de la part de Poutine. De nombreuses autres entreprises avaient été rendues à l’État, mais il n’avait aucun contrôle sur celle-ci.
Par le biais de procès et d’accords louches, Yukos a été scindée, et Khodorovsky et Nevzlin ont été accusés de corruption. Ce dernier aurait également ordonné l’assassinat de Vladimir Petukhov, qui, en tant que maire de la ville de Nefteïougansk, avait ordonné l’audit de la structure fiscale de Yukos.
Nevzlin a été condamné à la prison à vie, mais a fui en Israël. Il y vit désormais en exil. Mais il affirme qu’il entretient toujours des liens étroits avec différents employés du Kremlin, le cœur de la politique russe.