Alors que la guerre s’enlise, Poutine purge massivement ses services de renseignement

Les mécomptes de l’armée russe lancée bien imprudemment dans l’invasion de l’Ukraine ont déjà fait tomber quelques têtes parmi les postes hauts placés de l’état-major et des services de renseignement du pays.

Alors qu’une première phase de la guerre s’achève par une retraite russe dans le nord et qu’une nouvelle poussée offensive semble se préparer dans le Donbas, Vladimir Poutine se lance dans un grand nettoyage de printemps : une purge de ses administrations stratégiques, déjà massive alors qu’elle ne fait que commencer, et qui rappelle certains des moments les plus terribles de l’histoire soviétique.

Quand Poutine est fâché…

Le mois dernier déjà, plusieurs figures du FSB, les services russes qui ont succédé au KGB soviétique, ont été mises aux arrêts, en résidence surveillée voire en prison. Parmi celles-ci, Sergeï Beseda, le chef de la section de renseignement extérieur des services secrets russes, qui était retenu à domicile selon The Times.

Toujours selon le quotidien britannique, le manque de succès sur le terrain dans une guerre qui devait être aussi brève que victorieuse on décidé Poutine à se lancer dans ce qui s’apparente à une véritable purge : environ 150 agents auraient été mis démis de leurs fonctions et parfois mis aux arrêts. Toutes les personnes évincées étaient des employés du cinquième service, une division créée en 1998, lorsque Poutine était lui-même directeur du FSB, pour mener des opérations dans les pays de l’ancienne Union soviétique dans le but de les maintenir dans l’orbite de la Russie.

Symbole stalinien

Beseda lui-même, 68 ans, a été transféré à la prison de Lefortovo, à Moscou. Cet endroit est tristement célèbre pour avoir été utilisé par le NKVD, le prédécesseur du KGB, pour les interrogatoires et la torture pendant la Grande Purge de Staline dans les années 1930. Tout un symbole, donc. Cette purge au sein du FSB a été signalée par Christo Grozev, directeur exécutif de l’organisme d’investigation Bellingcat.

Sergueï Beseda avait été licencié pour avoir « rapporté de fausses informations au Kremlin sur la situation réelle en Ukraine avant l’invasion. » Le mois dernier, les agents du FSB ont également effectué des perquisitions à plus de 20 adresses autour de Moscou chez des collègues soupçonnés d’être en contact avec des journalistes.

Selon certains observateurs, c’est à la fois le signe que Poutine, furieux, cherche des responsables qui lui permettraient de dédouaner le Kremlin, et que ce risque de fuite devient une crainte réelle. On peut en effet estimer que les actions du gouvernement russe et de son président autocratique déplaisent à une partie de son administration. Des agents pourraient donc tenter de le déstabiliser de l’intérieur, en transmettant des données sensibles à la presse, par exemple. Une résistance passive que visiblement, Poutine compte bien écraser dans l’œuf.

Verticalité du pouvoir

Selon DSI, on assiste à une manœuvre qui va verticaliser encore davantage le pouvoir en Russie, le concentrant entre les mains d’un président qui se veut seul maître à bord. Une manière de consolider sa position, mais qui risque aussi d’amplifier le risque qu’il s’enferme dans une tour d’ivoire avec pour seuls conseillers ses collaborateurs les plus dociles et les plus craintifs. Une possibilité que Washington pointait déjà comme probable.

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