Web Analytics

L’inflation s’envole, les bourses sont dans le rouge sang: comment les investisseurs débutants tiennent le coup

L’inflation s’envole, les bourses sont dans le rouge sang: comment les investisseurs débutants tiennent le coup
crédit: Getty Images

Avec l’inflation, l’épargne, produit d’investissement préféré des ménages belges et européens, perd de plus en plus en valeur. Certaines personnes se tournent timidement vers l’investissement, mais comment se débrouillent-elles maintenant que les marchés connaissent une de leurs pires années?

9,65%. Voilà le taux d’inflation en juin en Belgique. Celle-ci continue sa percée à travers le royaume, l’Europe et le monde, et avec elle, l’argent mis de côté sur un compte épargne perd, de mois en mois, toujours plus en valeur. L’épargne est même une « garantie de perte à long terme« .

« Si on laisse de l’argent sur un compte épargne, on perd de l’argent. Les taux d’intérêt ont été plus bas que l’inflation, et cela pendant des années. Et c’est choquant de voir à quel point le total des épargnes des personnes, sur le temps, comparé au PIB, dans de nombreux pays européens, est bas », explique Yorick Naeff le CEO de Bux Zero, une plateforme d’investissement, contacté par nos soins.

L’Europe a toujours eu une culture de l’épargne. Pour environ 70% des Belges, l’épargne reste le moyen d’investissement passif par excellence. Mais dans le climat actuel d’inflation galopante, de plus en plus de personnes se tournent vers d’autres sources d’investissement, quoique timidement. « En Europe, et en Belgique de surcroît, moins de 10% des ménages investissent. Sur des marchés plus développés, comme les États-Unis, 50% des ménages investissent. Mais en termes de capitaux personnels, ce n’est pas si différent que cela », continue Yorick Naeff.

Pour se lancer dans l’investissement, il y a d’un côté les solutions des banques et compagnies d’assurances. D’un autre côté, de nombreuses applications existent, comme Robinhood, Bolero, eToro (qui fonctionnent comme la bourse, c’est-à-dire par l’achat et la revente d’actions). Bux est aussi une plateforme où on peut vendre et acheter des actions, mais il s’agit plus de constituer son propre portefeuille pour des rendements à moyen ou à long terme. La société néerlandaise possède également une plateforme pour du trading spéculatif, mais elle n’est pas accessible en Belgique.

Une autre application centrée sur le moyen et long terme, via l’investissement dans des fonds indiciels, s’appelle Curvo. Créée en octobre 2021, elle compte aujourd’hui près de 350 utilisateurs, qui ont depuis investi 700.000 euros, et y placent en moyenne 180 euros par mois. « On a eu peur qu’il serait difficile d’acquérir de nouveaux clients, à cause de l’inflation et de l’augmentation du coût de la vie, mais au contraire, on a constaté que nos utilisateurs ont augmenté leurs investissements. Ils ont compris qu’avec l’inflation, l’épargne ce n’est pas suffisant », nous explique le cofondateur Thomas Ketchell.

Quid pour les investisseurs débutants?

Nous avons passé le cap de la moitié de l’année, et depuis le premier janvier, de nombreux indices boursiers ont traversé de sérieuses chutes. Le S&P 500 par exemple a vécu son pire premier semestre en plus de 50 ans (-20,78%), le Nasdaq a perdu près de 30%, et le Bel20 près de 15%, pour n’en nommer que quelques-uns. Pour des investisseurs chevronnés comme Warren Buffet, ce sont là des mauvaises nouvelles, mais ils savent comment replacer leurs investissements pour survivre à la tempête. Mais qu’en est-il des petits investisseurs privés, parfois arrivés depuis peu dans cet univers?

Les applications comme Curvo et Bux ont pour but de rendre le monde de l’investissement accessible et abordable pour les débutants. Ainsi, elles ne demandent que peu de commissions : 1% par exemple chez Curvo sur toutes les sommes investies sur une année. Bux ne demande pas de commission pour les achats et ventes exécutés ensemble en fin de journée. Des commissions de 1,50 euro existent pour des ordres spécifiques, comme la vente ou l’achat à un prix fixé à l’avance, ou pour la vente ou l’achat immédiat. Ces frais de transactions ne s’appliquent pas pour le marché américain, où cependant des frais de change de 0,35% sont de rigueur.

Long terme

Curvo par exemple propose cinq portefeuilles distincts, et chacun regroupe 7.500 actifs différents (actions, fractions d’actions, obligations, et ainsi de suite, mais les entreprises qui sont actives dans le nucléaire, les énergies fossiles, le tabac, l’alcool et l’armement sont exclues), à échelle mondiale. Ils sont organisés du plus au moins risqué, et les investisseurs peuvent choisir après avoir rempli un questionnaire pour évaluer lequel sied mieux à leur profil. Depuis le début de l’année, les différents portefeuilles sont en baisse d’en moyenne 11%, affirme Thomas Ketchell.

« La volatilité est inhérente à l’investissement », ajoute-t-il. « Mais ce sont des fluctuations à court terme des marchés. Et ce qu’on constate, c’est que même avec les baisses des marchés, beaucoup de nos clients restent avec nous, parce qu’ils savent que le produit est pour un minimum de cinq ans, c’est du long terme. »

Le cofondateur sait tout de même que les clients peuvent avoir peur. Mais ceux-ci savent aussi qu’ailleurs, les chutes peuvent être pires : « Dans la crypto, certains ont perdu 60 à 70%, et d’autres ont des actions spécifiques, qui ont perdu entre 40 et 60%. »

Mais il y a ceux qui doutent, voyant les baisses du marché et des portefeuilles. Thomas Ketchell rétorque alors qu’avec les crashs, tout est beaucoup moins cher à acheter, ce qui peut aussi servir pour des objectifs à long terme.

Défensif

Yorick Naeff se réjouit du coup de pouce que l’actualité a donné à Bux. La nouvelle plateforme d’investissement et son application mobile avaient été lancées en 2020, juste avant la pandémie, et les confinements ont définitivement aidé à les populariser, tout comme le rallye Gamestop, et l’année record que les bourses ont connue en 2021. La plateforme compte aujourd’hui 500.000 utilisateurs, dont 100.000 en Belgique. Les Belges, comparés aux autres pays européens, sont ceux qui préfèrent le plus le marché boursier américain. L’actif le plus populaire dans notre pays (qui est, avec les Pays-Bas, le marché le plus important de Bux) est l’action de Tesla, devant le S&P 500 index fund, un fonds indiciel reprenant le S&P 500 et le Bitcoin. L’action locale la plus populaire est KBC, qui arrive en 5e place.

Maintenant que les bourses sont en berne, Naeff constate aussi que les investisseurs restent présents, quoiqu’ils adaptent un peu leur comportement. « Les actifs sous gestion que nous détenons pour nos clients sont très constants, et les dépôts continuent à être très sains. Mais les personnes sont moins actives, et je comprends tout à fait : ce marché baissier présente plus de défis. Elles restent plus sur place, de manière défensive. Il y a un passage qui est en train de se faire, de traders actifs vers des personnes plus centrées sur l’investissement à plus long terme. Cela devient plus populaire en ce moment, de manière significative. Les comportements de clients changent un peu », explique le CEO.

Reste à voir jusqu’où les bourses chuteront. Selon certains analystes, les indices pourraient déjà reprendre des couleurs au second semestre. Pour d’autres, comme Nouriel Roubini le pire est encore à venir.

Plus d'articles Premium
Plus