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L’Inde arrête d’exporter une partie de son riz : à part pour elle, c’est une mauvaise nouvelle pour tout le monde

L’Inde arrête d’exporter une partie de son riz : à part pour elle, c’est une mauvaise nouvelle pour tout le monde
(Avishek Das/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

Ce jeudi, l’Inde a annoncé qu’elle suspendait ses exportations de riz blanc non basmati. Objectif ? Soulager son marché intérieur, tant au niveau des prix que de la disponibilité. À l’échelle mondiale, cette mesure protectionniste risque de faire des dégâts.

Pourquoi est-ce important ?

L'Inde est, de loin, le plus grand exportateur de riz, un aliment consommé au quotidien par des milliards d'individus. En suspendant une partie de ses exportations, c'est le secteur alimentaire mondial qui risque de subir une nouvelle poussée inflationniste. D'autant plus que le contexte est déjà peu réjouissant.

Dans l’actu : l’Inde suspend ses exportations de riz blanc non basmati.

  • Jeudi, le ministère indien de la Consommation et de l’Alimentation a annoncé que son pays suspendait ses exportations de riz blanc non basmati avec effet immédiat.
  • En souhaitant soigner ses maux, l’Inde va en créer ailleurs.

Le détail : cela ne concerne qu’une variété, mais quand même…

  • L’Inde est le plus grand exportateur de riz, représentant à elle seule près de 40% des exportations mondiales. A ses côtés, les deux autres membres du podium, la Thaïlande (moins de 15%) et le Vietnam (environ 10%) sont de petites joueuses.
  • Si le pays précise que ses exportations de riz étuvé et de riz basmati se poursuivront sans entrave, le riz blanc non basmati représente tout de même environ un quart de ses exportations de riz. C’est donc du sérieux.
    • On notera par ailleurs que les exportations de riz brisé sont déjà suspendues depuis l’an dernier, tandis qu’un droit de douane a été mis en place pour d’autres variétés.
  • Dans son communiqué, le ministère justifie sa décision par sa volonté de protégé le marché indien du riz : il faut éviter que les stocks ne faiblissent et que les prix ne s’envolent.
    • Les prix du riz au détail ont augmenté de 11,5% sur un an et de 3% depuis le début de l’année.

Les prix mondiaux sont déjà à leur plus haut niveau en 11 ans

Les explications : du protectionnisme précipité ?

  • L’inquiétude des autorités indiennes est principalement liée à la météo qu’a connue l’Inde depuis quelques mois.
  • Dans un premier temps, la saison des moussons est survenue plus tard qu’à l’accoutumée : il a manqué de pluies jusqu’à la mi-juin.
  • Après, une fois arrivées, les pluies ont été bien trop violentes, surtout dans le nord du pays. En plus de perturber les transports, cela a endommagé les cultures : les agriculteurs indiens ont dû se remettre à semer.
  • Si ces événements sont aussi réels que la hausse des prix, les stocks indiens ne seraient toutefois pas du tout en danger, selon certains analystes.
    • « Il s’agit d’une réaction instinctive, surtout compte tenu du fait qu’au 1er juillet, les stocks de riz du gouvernement étaient trois fois supérieurs à la norme du stock régulateur », a commenté Ashok Gulati, professeur au Conseil indien pour la recherche sur les relations économiques internationales, auprès du Financial Times. « Nous sommes dans une position extrêmement confortable tant que les stocks sont confirmés. »

Les implications : inflation pour tout le monde.

  • Que la décision indienne ait été précipitée ou non, elle a été prise. Il va donc falloir surveiller le marché du riz. Et au vu de l’importance de l’Inde pour le monde entier, cela va se payer.
  • Si les stocks indiens sont toujours bien fournis, ce n’est pas vraiment le cas pour les réserves mondiales : d’ici la fin de l’année, ils tomberont à leur plus bas niveau depuis six ans, selon un analyste de Mintec, un groupe de recherche sur les matières premières.
  • Cela ne sera pas sans effet sur les prix mondiaux, qui vont augmenter. Or, ils sont déjà à leur plus haut niveau depuis onze ans.
  • On notera d’ailleurs que la mauvaise météo qui a touché l’Inde a également touché ses voisines du sud-est asiatique, région où l’on retrouve les autres grands exportateurs. D’aussi mauvais augure pour la production de ces pays, donc.

Petit point positif : l’Inde peut est prête à accorder des exceptions à son interdiction d’exportation pour les pays qui, sans son riz, verraient leur sécurité alimentaire menacée. Certains pays africains pourraient en profiter.

Tout le monde s’y met

Le contexte : un deuxième coup dur après l’annonce russe.

  • Cette mesure survient seulement quelques jours après que la Russie s’est retirée de l’accord sur les céréales ukrainiennes en mer Noire.
    • Pendant près d’un an, ce deal avait permis l’exportation de plus de 30 millions de tonnes de céréales et d’huiles comestibles ukrainiennes dans le monde entier. 
  • La décision russe a fait bondir les prix mondiaux du blé (11%) et du maïs (9%) en quelques jours.
  • Le riz et le blé, deux aliments de base, étant les substituts l’un de l’autre, les annonces russe et indienne forment une mixture qui risque bien de devenir indigeste dans les mois à venir.
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