Pourvu d’une solide communauté de fans, le fantasque milliardaire aime distraire son monde sur Twitter, quitte à dépasser parfois certaines limites. Sur le réseau social le plus influent du monde, Elon Musk peut paraitre outrancier, impulsif, voire même parfois dangereux pour son propre business. Mais il y a un autre Elon Musk: celui qui l’a fait devenir un entrepreneur de génie, et accessoirement, l’homme le plus riche du monde.
On a retrouvé ce dernier dans le cadre d’une interview avec John Micklethwaite, rédacteur en chef de Bloomberg News, au Forum économique du Qatar à Doha. Tous les sujets chauds de l’actualité y sont passés, et même si le milliardaire n’est pas venu annoncer que de bonnes nouvelles, il est paru sérieux, réfléchi et calme.

Récession et Tesla
« Une récession est inévitable à un moment donné », a affirmé d’emblée Elon Musk, qui était interviewé par vidéoconférence. « Mais qu’il y ait une récession à court terme n’est pas très probable », a-t-il ajouté dans la foulée.
Une question de temps donc, voilà qui tranche avec ses prévisions catastrophistes de la semaine dernière, dans lesquelles il annonçait d’ailleurs devoir se séparer de 10% des employés de Tesla, ce qui a fait plonger l’action immédiatement. Hier, Elon Musk a corrigé le tir, insistant sur le faire que son entreprise allait plutôt se séparer de 3 à 3,5% de ses employés, mais qu’à terme, ses « effectifs seraient plus élevés ». Une nécessité passagère surtout due aux problèmes dans la chaine d’approvisionnement.
Bénéficiant d’un rallye qui a souri aux marchés dans leur ensemble, hier, Tesla a fait l’une des plus belles progressions, en augmentant sa valeur de plus de 9%. En soi, les chiffres de Tesla sont excellents: le chiffre d’affaires de Tesla a augmenté de 81% au premier trimestre par rapport à l’année précédente, pour atteindre 18,8 milliards de dollars. La production au cours de ces trois mois s’est élevée à 305.407 voitures, soit 69 % de plus qu’au premier trimestre de 2021.
Rachat de Twitter
Le rachat de son réseau social préféré reste controversé. Elon Musk s’est montré pour une fois prudent: « Il y a une limite à ce que je peux dire publiquement », a-t-il déclaré à Doha. « C’est un sujet sensible dans une certaine mesure ».
Elon Musk est parfois soupçonné de vouloir faire capoter le deal, ou de faire descendre volontairement en flèche le cours de l’action pour arriver à renégocier l’achat initial de 44 milliards de dollars. Sa principale critique se cristallise autour des bots, dont il aimerait connaitre le nombre. La présence de faux comptes et de robots sur la plateforme sociale est un problème pour Elon Musk. Car ils influencent l’opinion et polluent le réseau, mais surtout, c’est autant de comptes qui ne sont pas « monétisables ».
« Nous attendons toujours une résolution sur cette question, et c’est une question très importante », a déclaré le PDG de SpaceX lors d’un évènement organisé par Bloomberg. Il est vrai que c’est un point essentiel puisque pour attirer les annonceurs, la plateforme doit pouvoir mettre en avant un certain nombre d’utilisateurs actifs quotidiens.
Reste à consolider le financement par emprunt – Elon Musk ne dispose pas de 44 milliards en cash – et de finir de convaincre les co-financeurs parmi lesquels se trouvent un Émir du Qatar, le milliardaire d’Oracle Larry Ellisson ou encore la plateforme de crypto-monnaies Binance. Ensuite, il faudra achever de convaincre les actionnaires de valider le processus. Là encore, il vaudrait mieux, si Elon Musk le veut vraiment, éviter toutes nouvelles polémiques. L’interview d’hier tend à montrer qu’on prend plutôt le bon chemin. Les actionnaires devraient définitivement se prononcer pour la fin juillet, début août.
Politique et crypto-monnaies
En pleine polémique, en s’insurgeant notamment contre le wokisme, Elon Musk a déclaré dans un excès de fureur sur Twitter qu’on ne l’y reprendrait plus à voter démocrate. Il a avoué ensuite avoir voté pour la première fois républicain lors d’une élection primaire au Texas et a suggéré qu’il pourrait à l’avenir voter pour le controversé gouverneur de Floride, Ron DeSantis, souvent pressenti pour succéder à Donald Trump. À Doha, Elon Musk s’est toutefois dit « indécis à ce stade ». Définitivement, l’Elon Musk provocateur de Twitter n’est pas l’Elon Musk de la réalité.
Quant aux crypto-monnaies, clairement plongées dans un bear market ces dernières semaines, le milliardaire a rejeté l’idée d’avoir incité des investisseurs à se lancer dans ce marché risqué. Il a toutefois avoué soutenir le Dogecoin à la demande de certains de ses employés.
« J’ai personnellement l’intention de soutenir le Dogecoin parce que je connais beaucoup de gens qui ne sont pas si riches que ça qui, vous savez, m’ont encouragé à acheter et à soutenir le Dogecoin. »
SpaceX et Tesla ont aussi acheté un peu de bitcoin, « mais c’est un petit pourcentage de notre total d’actifs liquides », a déclaré Musk. « J’ai également acheté du Dogecoin et Tesla accepte le Dogecoin pour certaines marchandises, et SpaceX fera de même. »