Il y a eu plus de morts par meurtre au Brésil que de victimes de guerre en Syrie au cours des 10 dernières années

Au Brésil, les amateurs d’armes à feu se réjouissent de l’assouplissement des règles de détention d’armes à feu décidé par le président Jair Bolsonaro.

Bolsonaro vient de tenir une promesse principale de sa campagne électorale.  Le président brésilien a élargi l’accès à la détention d’armes à feu pour les personnes « respectueuses de la loi ».  Le Brésil a déjà un taux de meurtres extrêmement élevé.

Dorénavant, les Brésiliens dont le casier judiciaire est vierge sont en mesure d’acheter une arme s’ils réussissent un test psychologique, s’ils sont capables de prouver qu’ils peuvent utiliser une arme à feu et s’ils vivent dans une zone où le taux de meurtres est supérieur à 100.000 habitants, réalité qui concerne finalement chaque Etat brésilien, précise le Financial Times. Cette loi concerne la détention et non le port d’armes à feu.

Ce décret assouplit les règles de détention d’armes à feu pour les citoyens brésiliens. La loi modifie le « Statut du désarmement » de 2003 qui établissait de nombreuses restrictions en matière de détention d’armes. Par le passé, les détenteurs potentiels d’armes devaient se soumettre à une évaluation rigoureuse. Ils devaient notamment prouver qu’ils étaient menacés et qu’ils avaient un besoin effectif de posséder une arme à feu.

Récession

Bon nombre de Brésiliens craignent que cette libéralisation de la possession d’armes à feu ne fasse augmenter le taux de meurtre élevé, explique Andres Schipani, correspondant du quotidien économique britannique Financial Times à Rio de Janeiro. Cependant, selon Bolsonaro, l’assouplissement des restrictions en matière de détention de la loi de 2003 était nécessaire « afin que le citoyen brésilien ait la paix chez lui. »

Cette libéralisation intervient dans un contexte de détérioration importante de la sécurité publique. Au Brésil, les crises budgétaires induites par la récession au sein des administrations régionales auraient provoqué la hausse du taux de criminalité. Parallèlement, la paralysie politique provoquée par une série de scandales de corruption a créé un vide que les gans criminels tentent de combler.

En 2006, près de 50.000 personnes ont été tuées au Brésil, contre 64.000 il y a deux ans. Il s’agit pour la majorité d’homicides. Selon l’Institut de recherche économique appliquée, le nombre total de personnes tuées au cours de cette décennie dépassait largement le demi-million. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ce nombre dépasse le nombre de victimes de la guerre civile syrienne.

Dans le Financial Times, un ancien militaire explique que le taux de criminalité élevé avait provoqué la hausse du nombre de clients dans son club de tir de Rio de Janeiro, passant de 125 il y a quatre ans à 1.300 aujourd’hui.

Peu de soutien

Néanmoins, la nouvelle loi sur la détention d’armes à feu ne bénéficie pas d’un soutien général, mis à les partisans dévoués de Jair Bolsonaro. Selon une étude de l’institut de sondage Datafolha, six Brésiliens sur dix s’opposent à la libéralisation des lois sur les armes à feu.

« Plus d’armes signifient plus de morts », a déclaré Renato Sérgio de Lima, directeur du Forum brésilien sur la sécurité publique, une organisation à but non lucratif.

Le renforcement des contrôles des armes à feu a contribué à une baisse de 12,6% des homicides entre 2003 et 2013 au Brésil, a en outre ajouté Daniel Cerqueira, collègue du directeur. « Les meurtres vont augmenter et le gouvernement sera responsable », a-t-il déclaré.

« Si le gouvernement tient vraiment à la sécurité publique et à la lutte contre le crime organisé, il serait bon d’appliquer les lois existantes sur les armes à feu plutôt que de les démanteler », a expliqué Ilona Szabó, un expert en sécurité basé à Rio.

Partisans

Selon les partisans d’un contrôle des armes à feu assoupli, la possession d’armes à feu est un moyen de dissuasion contre le crime. Ils affirment que la possession illégale d’armes à feu est très répandue. En 2017, les autorités brésiliennes ont saisi près de 120.000 armes à feu. Au Brésil, les barons de la drogue peuvent facilement se fournir en armes dans le pays ou via les frontières latino-américaines poreuses.

Certains Brésiliens souhaitent que les lois soient davantage assouplies et obtenir également l’autorisation de porter leurs armes à l’extérieur du domicile. Selon ces citoyens ordinaires, la modification de la loi décidée par Bolsonaro, trop timide, est une « douche froide ».

Enfin, les législateurs du Congrès brésilien veulent aller plus loin. Ils préparent un projet de loi visant à élargir l’accès et la disponibilité des armes à feu, y compris le port d’armes.

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